Après les adaptations réussies des pièces de théâtre au cinéma comme "A gauche en sortant de l’ascenseur" (dont j’ai posté un avis), ou plus récemment "Le dîner de cons", on ne pouvait que s’impatienter à découvrir "Le prénom". Bizarrement, je n’étais pas franchement tenté de voir cette pièce à succès. Le programme télé l’ayant prévu en soirée, je me suis laissé convaincre pour plonger dans un dîner qui va prendre une tournure inattendue. Après une présentation originale des différents personnages (y compris de ceux qu’on ne verra pas à l’écran) assez humoristique visant à planter le contexte familial et social (présentation qui s’avère un peu longue et fastidieuse), tout démarre vraiment sur une discussion que nous avons tous eu un jour ou l’autre : s’enquérir des joies que procure une paternité ou une maternité (ici une paternité) future et de l’orientation prise quant au choix du prénom. S’ensuit une valse de questions réponses qui se termine par la révélation du dit prénom, lequel va projeter le repas dans une atmosphère particulière. Va s’ensuivre une pléthore de propos qui se veulent parfois blessants, tout simplement parce qu’ils sont la vitrine parfaite de l’agacement des protagonistes. L’idée est amusante au départ, mais ouvre la porte à des secrets et à des non-dits. Ça part dans tous les sens, et nombreux sujets y passent, y compris les histoires de fesses si chères comédies françaises jouées au théâtre. On regrettera une mise en scène trop théâtralisée, et pas suffisamment adaptée pour le grand écran. Cela s’entend dans l’intonation des acteurs, mais aussi dans leur déplacement. Cela dit, on gagne en expression scénique puisque les plans nous permettent de savourer davantage les mimiques servis pas l’ensemble des acteurs. Et je crois qu’on peut donner la palme à Patrick Bruel en la matière, qui nous régale en passant tour à tour de la personne suffisante et plus haute que tout le monde, au parfait idiot, et au sacré con, bref une parfaite tête à claques que même sa femme... que même sa femme... ben que même sa femme m'interdit de vous dire le reste (et toc). On remarquera une réelle complicité entre Patrick Bruel et Guillaume de Tonquédec, ce dernier étant parfait en personne réservée. Charles Berling ne démérite pas non plus, et donne parfaitement la réplique à Bruel aussi, tout en n’oubliant pas son côté mufle machiste bien caché. Quant à Valérie Benguigui, elle est parfaite également dans l'authenticité. Seule personne en retrait et qu’on sent pas vraiment concernée : Judith El Zein, mais il faut dire aussi que son personnage arrive tard. Les dialogues sont inégaux : parfois succulents, voire jouissifs, parfois lents et sans saveur. Le résultat est donc assez mitigé, et même si la fin tombe un peu à plat tellement elle est gentillette, je suis sûr que c’est une comédie à voir absolument dans un contexte purement théâtral : outre la comédie, l’ambiance de la salle doit aider à apprécier dans sa plus juste valeur cette pièce de théâtre, lieu prisé pour d'éventuelles séquences d'improvisation.