Peu de personnages et beaucoup de dialogues (beaucoup de cris aussi !), unité de lieu, le temps d’une soirée autour d’un buffet marocain, nous sommes dans le registre du théâtre filmé. Pas d’effets de caméra audacieux, rien de transcendant dans la réalisation, le film se regarde simplement comme un pur numéro d’acteur, exactement comme du théâtre de boulevard. Et puisqu’il s’agit d’une comédie franchement assumée, les personnages sont assez caricaturaux mais tous interprétés par des acteurs épatants et confirmés. Il y a le beauf parvenu qui roule en 4X4 incarné par un Patrick Bruel convaincant, que je n’avais pas vu bon au cinéma depuis bien trop longtemps. C’est par lui que le « drame » va arriver, à cause d’un choix de prénom fort étrange et d’un humour de beauf mal dosé. Le rôle du bobo snob abonné à Télérama mais qui n’a pas la TV est quant à lui servi par un Charles Berling parfait. Comme tous les intellos, persuadés de tout comprendre mieux que tout le monde, il ne s’aperçoit même pas qu’il est condescendant avec tout le monde, y compris sa propre femme. Sa femme, justement, une Valérie Benguigui épatante (son pétage de plomb final est le meilleur moment du film, tant il sonne juste !) en mère de famille débordée qui en a marre de tout rater parce qu’elle est en cuisine. La future maman, peut-être le rôle le moins intéressant, le moins écrit et le moins bien interprété par Judith El Zein, étrangement froide. Et puis, je vais avouer une certaine sympathie pour Guillaume de Tonquedec (ceux qui connaissent la chouette série de France 2 « Fais pas ci, fais pas cà » connaissent déjà la potentiel comique de cet acteur) dans le rôle du meilleur ami adepte du compromis et que tous les monde crois mou et gay, entre autre parce qu’il écoute Etienne Daho ( ?), c’est de lui que viendra la profondeur, la sincérité, l’émotion aussi. Les dialogues sont très écris, et certains passages sont même pertinents sur le fond, j’entends par là qu’il ne se dit pas que des choses légères, le choix du prénom du futur bébé n’est que l’élément déclencheur d’une suite de règlements de compte (la célèbre théorie des dominos) souvent bien sentis, drôles et cruels mais qui font souvent mouche sur tel ou tel stéréotypes. Ménageant aussi quelques moments d’émotion, un chouïa de violence dont la table basse sera la malheureuse victime, voilà un film de presque 2 heures qu’on n’a pas du tout vu passer et qui laisse une très bonne impression. Alors évidemment, les rebondissements et les coups de théâtres sont un peu trop appuyés, parfois improbables, parfois surjoués (Ah Patrick… Répète après moi : sobriété, sobriété….) mais faisons fi de cela et ne boudons pas notre plaisir devant une bonne comédie bien écrite, très drôle et qui nous fait passer un très bon moment.