Bon, il fallait se douter qu'une pièce de théâtre portée au grand écran ne brillerait pas par sa mise en scène, donc est-il nécessaire de s'attarder là-dessus pour parler de ce "Prénom" ? A dire vrai, La Pattelière et Delaporte ne s'en cachent même pas : ils entendent faire reposer tout l'intérêt du film sur la pertinence des dialogues et sur la performance verbale des comédiens. Bah oui, vu qu'on fait du théâtre, ce sera du simple bla-bla-bla avec de banals champs-contrechamps. Après tout pourquoi pas si ça marche... Alors qu'en est-il donc au final ? Eh bien j'avoue que je ressors de là pas entièrement mécontent mais pas totalement emballé non plus. Pas totalement mécontent parce que je ne me suis jamais vraiment ennuyé, à regarder ma montre. D'un autre côté, jamais vraiment je n'ai été emporté par le propos ni le dévoilement des personnages. Finalement tout cela est un peu convenu : et je commence sur un débat concernant le prénom du gosse de Bruel, qui va enchaîner sur le ton supérieur que prend à chaque fois Berling ; qui va déboucher sur l'égocentrisme de Bruel et la passivité de Tonquédec... Finalement, rien de bien folichon. D'ailleurs, à ce titre, j'avais entendu lors de la sortie du récent "Radiostars" qu'on assistait à un renouveau de l’humour juif français. Eh bah déjà que pour "Radiostars" je n'étais pas trop d'accord, mais je pense qu'avec ce « Prénom » je mettrai tout le monde d'accord à ce sujet. L'humour juif ici, il n'en a que la prétention affiché mais pas la saveur car, en fin de compte, toutes les tirades sensées être satiriques se révèlent en fin de compte des plus consensuelles. Le pire, c'est que ça passe d'autant plus difficilement que les enchaînements sont assez abrupts ce qui fait du coup que l'ensemble sonne assez faux. Ainsi, j'ai quand même eu l'impression de regarder une série de mini-sketchs ou chaque acteur avait son petit moment de gloire plutôt qu'une véritable comédie qui dérape progressivement dans l'humour satirique et le regard sans concession. D'ailleurs, c'est peut-être le dernier hic du film selon moi : les acteurs. Là encore, je ne peux pas dire qu'ils soient mauvais puisqu'ils maitrisent leur rôle sur le bout des doigts (on sent que les représentations ont été enchainées au préalable) mais – une fois de plus – j'ai eu du mal à m'y faire tant la « théatralisation » est ici poussé à l'extrême. Chacun pousse très facilement dans l'hystérie, comme dans une sorte de concours à celui qui en fera le plus. Si Charles Berling et Judith El Zein ne s'en sortent encore pas trop mal, Valérie Benguigui, Guillaume de Tonquédec et Patrick Bruel sont par contre quant à eux assez insupportables tant ils multiplient les gimmicks parfois absurdes. Mais bon, des trois, le champion toutes catégories reste quand même Patrick Bruel. Je sais bien que c'est son rôle qui veut aussi ça, mais franchement je l'ai trouvé inbuvable. Il y a des personnages qu'on adore détester, lui je l'ai détesté tout court. Il hurle tout le temps, surjoue en permanence et n'a aucune variation dans son jeu. Cela le rend fatigant et exaspérant, à tel point que j'ai fini par me dire que ce rôle de gros connard égocentrique ne devait pas être tant que cela un rôle de composition. En fin de compte, je suis ressorti de là pas aigri mais pas tant enjoué que çà. Je ne redis pas non, la salle riait assez régulièrement et moi aussi de temps en temps. Mais bon, peut-être cela pourra-t-il paraître de mauvaise foi, mais même aux quelques moments où j'ai ri, je n'ai pas forcément trouvé la satisfaction, riant plus mécaniquement ou nerveusement plutôt que saisi par l’euphorie. Je pense que ce "Prénom" peut ainsi se résumer à cela : pas si mauvais que ça, mais assez mécanique et forcé... Et surtout, sans aucune originalité.