Le Havre : cette charmante cité balnéaire semble être devenue la ville préférée des réalisateurs étrangers tournant en France. En effet, depuis un an, cette ville a été le décors de "La Fée" (un des 3 réalisateurs est belge, une autre australienne), de "Le Havre" de Kaurismaki, finlandais et, maintenant, de "38 témoins" du belge Lucas Belvaux. Le scénario de ce film s'inspire du roman "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" de Didier Decoin, roman lui-même inspiré par l'affaire Kitty Genovese qui eut lieu à New-York en 1964. Le fait divers, le roman, le film, c'est une histoire de lâcheté : une jeune femme qui se fait assassinée par une nuit d'hiver et, dans les immeubles alentour, 38 personnes qui prétendent n'avoir rien vu, rien entendu. Jusqu'au moment où Pierre, l'un d'eux, finit par craquer et par soulager sa conscience en allant tout raconter à la police. Louise, sa compagne, qui n'était pas là la nuit du drame, a du mal à suivre son comportement. Sont aussi "convoquées" dans le film, face à cette lâcheté contagieuse, la police, la justice et la presse. Le début du film est très fort, très tendu. Lucas Belvaux excelle à filmer les énormes bateaux porte-containers et les quais du port. Au bout d'une demi-heure, le film se met à ronronner, Pierre devient bavard, trop bavard. Il souffre et cherche à le faire savoir. Heureusement, cette période ne dure qu'une demi-heure et le film retrouve une grande force. Yvan Attal, qui joue Pierre, semble moins crédible que d'habitude : rappelons nous "Rapt" du même Lucas Belvaux. Par contre, Sophie Quinson, qui joue le rôle de Louise, est excellente. Aucun problème avec la journaliste Nicole Garcia, le flic François Feroleto et le procureur Didier Sandre : on croit à leurs personnages. En résumé, il est dommage que Lucas Belvaux ait cru bon d'en rajouter une couche dans la rédemption de Pierre. Ce film qui est globalement plutôt bon et intéressant eut été excellent sans ces quelques excès.