Ah, ce bon vieux Wynorski ! Un roublard capable de tout, et souvent du pire, comme ici.
Honnêtement, je ne sais pas si ce film est une comédie volontaire ou involontaire tellement il est ridicule de A à Z. Il cumule les gaffes, les invraisemblances, les idées loufoques, les situations grotesques, et tous les procédés les plus borderline pour essayer d’exister.
Ainsi, vous verrez dans ce métrage des scènes piqués à d’autres films. Dont une séquence probablement volé à un film sur la guerre du Vietnam. Vous verrez donc un méchant tiré au bazooka (dans le film de Wynorski) et produire une explosion proche d’un bombardement au napalm (dans le film volé !). Et cela à plusieurs reprises. Pareillement, la séquence d’ouverture n’est pas entièrement honnête ! Impossible de ne pas penser à Last Action Hero, jusqu’au look de Treat Williams copié sur celui de Schwarzie !
Si on retire les scènes piquées il ne reste que des scènes foireuses. Les explosions sont proches du pétard de cour d’école, les cascades sont ridicules (on peut mettre une voiture sur deux roues en tournant un peu brusquement son volant !), et Wynorski n’a aucune limite. Sa jungle possède des chemins damés et pavés qui serpentent comme dans un arboretum, et il ne cherche même pas à le cacher. Sa tempête c’est des éclairs mais pas une goutte de pluie, et on se rend compte qu’à part deux plans il n’y a pas un pet de vent. Cela n’empêche pas une vague de 30 mètres de haut déferler sur l’île ! La mise en scène est bien sûr consternante, et le réalisateur pousse le bouchon jusqu’à radiner totalement sur l’action. Wynorski ici bat des records de paresse filmique !
En effet, Gale Force (titre original du film) est d’une lenteur et d’un vide incroyable. Il faut attendre l’heure de film pour arriver enfin à voir un peu d’action. Et encore ! Un papy en furie, un Treat Williams amorphe, tout cela contre des militaires d’une nullité qui frôle celle des méchants de Maman, j’ai raté l’avion. Mou du genou, doté d’une histoire improbable (cette histoire de jeu télé est franchement grotesque, du moins dans les modalités exposées), vide d’action, il y a parfois une once de second degré, volontaire ou involontaire, qui fait basculer le métrage dans le nanar, mais qui ne lui donne pas bien de peps. En fait passé la scène d’ouverture Wynorski enlise son métrage, tentant simplement de faire exister au minimum le trap-trap dans l’arboretum qui occupe toute l’heure au milieu du film.
Pour le casting rien de bien fameux à souligner. Des seconds rôles de téléfilms et autres épisodes de série tv avec la charmante Gretchen Palmer, la blonde Susan Walters, le vieux briscard de Tim Thomerson, bref, des interprètes qui font leur numéro avec parfois un peu d’humour, mais sans réellement y croire. Je me demande d’ailleurs si le second degré dont ils font preuve parfois ce n’est pas simplement parce qu’il n’y croit pas au premier degré. Et au milieu de tout ça, Treat Williams, la vieille star déchue qui s’enlise encore une fois dans un produit improbable. Interprétation minimaliste, charisme définitivement perdu, il peut encore faire illusion dans une comédie parodique, mais là en héros pur et dur ce n’est pas possible.
En clair, si vous voulez voir un film ennuyant au possible, blindé de choses invraisemblables et mal fichues, avec des acteurs perdus et un réalisateur aussi peu investi dans son métrage que Ducobu dans un devoir de math, Gale Force est pour vous. On est dans les abimes les plus insondés du DTV d’action contemporain ! 0.5