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Un visiteur
3,5
Publiée le 12 mai 2012
La gageure était d'aborder de manière classique un film sur l'enfance et la perte de l'innocence, sans nous endormir, ni refaire ce qui a déjà était fait. Rien à redire. Le job est fait. C'est aéré, frais, crédible, grave et pas lourd. Le genre n'est pas transcendé, certes, mais il est maîtrisé. L'émotion niaise nous est évitée au profit de la réflexion. Et la réflexion n'est jamais moralisante au profit de l'émotion juste. Le bien et le mal passent, et nul n'est obligé finalement d'y prendre part, engagé à fond, il suffit de se laisser porter, en espérant que notre conscience nous oubliera. Et que l'on se fouette le dos, ou qu'on soit désinvolte avec son karma, il y a toujours demain qui reste à faire. Une vraie petite perle, plus agricole qu'océane, mais précieuse comme le fait de n'avoir qu'une seule vie. Au final, à y regarder de plus près, 11 fleurs plutôt que d'éviter le consensuel frôle l'amertume, or son éclat travaillé, tout de discipline intérieure et non d'idéologie politique pro ou contre, traverse l'horreur de cette tyrannie rouge hantée (et comment pourrait-il en être autrement?) par le regret insurmontable.
Un charmant parfum se dégage de "11 Fleurs". Charmant car cette évocation à hauteur d'enfant des derniers soubresauts de la Révolution Culturelle se déroule dans un cadre original : la campagne. Sans être aussi radical dans le fond et surtout pas dans la forme que son compatriote Wang Bing, le réalisateur Wang Xiaoshuai arrive très bien à nous faire sentir l'atmosphère particulière de l'époque et à reconstituer le quotidien de ces gens, pour la plupart intellectuels citadins déplacés vers des campagnes en cours d'industrialisation. Un peu comme dans "La Chine", le documentaire fleuve d'Antonioni, dans un autre genre, la vision d'une société maoïste présentée de prime abord comme parfaite (tous les enfants sont éduqués, tous les adultes ont un travail...) se craquelle peu à peu devant les trajectoires individuelles. Pour le reste, c'est sûr, l'histoire est extrêmement convenue et on sent bien les influences occidentales dans ce récit d'initiation juvénile, que ce soit dans la première partie consacrée au quotidien des écoliers ("L'Argent de Poche" de Truffaut, par exemple) ou dans la seconde, plus aventureuse (disons... "Stand by Me"). Et puis les quatre mômes, ultra caractérisés au point d'en être caricaturaux, semblent tout droit sortis d'une bédé : le sportif, le gros, le petit et le grand maigre à lunettes. Même chose pour les parents du héros : une mère très terre-à-terre, un père un poil iconoclaste. Si Sempé et Goscinny avaient été Pékinois, nul doute que tous ces personnages auraient pu leur servir de modèle pour "Le Petit Nicolas" made in China ! En tous cas, le talent des ces deux auteurs aurait sûrement donné un peu plus de piquant à cette chronique orientale calibrée pour le public occidental. S'il manque quelque chose à "11 Fleurs", ce sont bien quelques épines.
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3,5
Publiée le 23 mars 2021
Il n'est pas faux de dire que ce film parle de viol, de meurtre et de trahison. Mais cela pourrait conduire à une conclusion erronée. 11 fleurs est un film très discret, subtil dans lequel aucune violence n'est montrée. Il y a peu de choses qui sont montrées mais beaucoup sont sous-entendues. L'histoire est celle d'un garçon de 11 ans qui rencontre par hasard un meurtrier qui s'est vengé du viol de sa sœur de 16 ans une fille dont le garçon est secrètement amoureux. Le meurtre fait parler de lui dans la communauté rurale et donne lieu à des événements inattendus. La révolution culturelle euphémisme pour désigner l'oppression impitoyable de Mao Zedong est la toile de fond de l'histoire. Dès l'une des premières scènes on comprend ce que le réalisateur veut nous dire. Pourquoi ne travailles-tu pas à l'usine comme maman demande le garçon à son père qui part travailler le lundi pour ne revenir que le vendredi. Parce que nous n'avons pas le droit de choisir notre propre métier répond-il à son fils. C'est pourquoi je veux que tu deviennes peintre comme ça tu pourras vraiment être libre. L'une des scènes les plus dramatiques et émouvante est celle où le garçon voit son père rentrer à la maison saignant de la tête. Contre sa volonté le père est impliqué dans un combat entre les gardes rouges et les conservateurs parce qu'il voulait aider un vieil homme dont la jambe avait été cassée par les gardes rouges. Cela montre à quel point ce régime était dépourvu de toute moralité. 11 fleurs est le seul film chinois que j'ai aimé jusqu'à présent...
tout comme dans I wish , on suit ici un groupe d'enfants , dans les derniers temps du maoisme en Chine donc en 1976. Lz quotidien d'une communauté autour d'une usine ! la tragédie d'une jeune fille d'intellectuel violée puis vengée par son frère qui se transforme en assassin .Autour de cette trame le temps défile , les gestes semblables . c'est une première qu'un cinéaste chinois nous transporte un peu en cette époque pour nous en proposer toutes les nuances . c'est touchant et intelligemment filmé .
Les souvenirs du réalisateur Wang Xiaoshuai affluent dans 11 fleurs, il y a donc une part évidente de nostalgie qui s’immisce dans le film. Le trajet sur le vélo de son père, la séance d’exercices à l’école ou les jeux du soir sont autant de bons moments qui ont forgé son enfance. A coté de ces purs instants d’innocence, il y a une réalité plus rugueuse qui le rattrape ; un pays en plein bouleversement qui voit s’achever une période marquante de son histoire. On s’installe progressivement dans le quotidien de cette famille tombant sous le charme de la prestation plein de naturel du jeune Liu Wenging. Un beau film qui donne l’occasion de s’intéresser à un moment-clé du passé chinois.
Un film, encore, trop long (1H50) où le metteur en scène a voulu traiter trop de sujets : la fin de la révolution culturelle (nous sommes en 1974), le passage de l’enfance à l’adolescence (11 fleurs pour 11 ans), la vie dans un petit village.
Belle peinture de la Chine des années 70, avec ses évolutions et illusions perçue à travers les yeux d'un enfant. La photographie générale est très belle, offrant des paysages imposant avec un filtre laissant ressortir un beau rouge bien présent dans le film. Les acteurs, et notamment les enfants, sont très bons; également la mère dont le rôle mêlant dureté et tendresse est intéressant. On retrouve l'intérêt de XIAOSHUAI pour les biens matériels, à travers une chemise dans ce film, un vélo pour d'autre. On peut regretter un scénario qui manque un peu de péripéties, afin d'approfondir plus les bouleversement de cette époque et de vitalité (les jeux d'enfants ne comblent pas le manque, une bande son plus chargée aurait pu être une solution). Dommage qu'il n'y ait pas de traduction pour le texte de fin.
Wang Xiaoshuai nous emmène à travers le regard d'un enfant de onze ans dans la vie quotidienne des Chinois un an avant la mort de Mao et la fin de la révolution culturelle. Nous ne quittons pas une seule fois l'enfant et sa bande d'amis, qui appréhendent le réel avec ce qu'ils en savent : la confrontation de leur regard parfois naïf avec les événements donne toute sa force au film. C'est le passage à l'adolescence et la perte de l'innocence qui sont montrés dans un contexte maoïste, mais aussi l'apprentissage de la liberté et du "Sapere aude" (Oser penser) horacien emprunté par Kant en 1784 pour définir les Lumières. Cela passe par exemple par l'analyse et la mise en perspective de tableaux des expressionnistes, dont ceux de Monet, afin de produire un point de vue personnel. Le père du jeune narrateur souhaite qu'il apprenne à peindre pour mieux saisir le réel et sa complexité, par touches, à l'instar des expressionnistes. Un film personnel et esthétique.
Qu'il est difficile de comprendre une chine millénaire. Ce film traduit bien le rapport complexe de transportant sa culture au travers des générations sur laquelle les gesticulations des "révolutionnaires" n'auront au final que peu de prise. Mais que de dégâts. Les thèmes éternels sont présents comme l'amour la justice la beauté... Le film aurait pu s'intituler la Chemise. Ce film devrait être interdit en chine et son réalisateur embastillé quelle critique d'un régime passé puisqu'aujourd'hui c'est un capitalisme "socialisé" que prône ses responsables. Bravo au réalisateur Wang Xiaoshuai.
le déroulé de l'histoire de 11 fleurs n'est pas en soi particulièrement passionnant MAIS la trame de fond que le film dessine, la volonté de certains personnages de préserver ce que la révolution culturelle chinoise s'acharne à faire disparaître, la découverte de l'organisation ouvrière de l'époque dans les campagnes chinoises... Tout cela est digne d'intérêt et admirablement montré... Un film à voir...
A la fin de la révolution culturelle un jeune garçon chinois de 11 ans, observe les adultes et comprends peu à peu le monde qui l’entoure. Des scènes qui mettent en évidence la dureté de la Révolution Culturelle avec ses injonctions publiques incessantes et la musique exaltant les vertus du bon citoyen, alternent avec des moments qui exaltent la poésie de la nature, la spontanéité des enfants. Appliqué à écouter les conversations des adultes, le jeune héros découvre peu à peu les drames provoqués par la révolution culturelle : le viol de la fille d’un intellectuel par un petit cadre du parti, la vengeance par son frère jusqu’à l’issue finale où le jeune héros devient conscient de l’injustice. Une initiation. Un très beau film en même temps poétique et violent bien rythmé, même dans sa lenteur.