Tourné en 2012 mais sorti en retard à peu près partout, "Clown" débarque enfin dans les bacs français, on remerciera le buzz autour des premières images de la nouvelle adaptation de "Ça" sans qui, sans doute, cette sortie tardive n'aurait pas eu lieu.
Tout a donc démarré en 2010 autour d'une fausse bande-annonce d'une soi-disant production d'Eli Roth où un type se retrouvait littéralement coincé dans un costume de clown malfaisant. Sauf que le bonhomme des "Hostel" n'avait absolument rien à voir avec cette affaire mais, séduit par cette histoire, il a contacté le responsable de cette "supercherie", Jon Watts, et a accepté de réellement produire un long-métrage basé sur ce trailer.
Les deux pouces levés, Eli, toi, t'es un type sympa quand même ! D'autant plus que tu as eu le nez, Jon Watts s'amuse à filmer les nouvelles aventures de Spider-Man aujourd'hui pendant que toi, tu... tu fais d'autres trucs !
Il faut dire que cette idée était tout de même diablement intriguante et la première demi-heure de "Clown" ne la fera pas mentir. Comment ne pas s'interroger et s'amuser sur l'étrangeté d'une telle situation ? Le film en joue astucieusement entretenant le mystère qui entoure les prémisses de cette drôle d'histoire... Mais ça ne dure qu'un temps, "Clown" dévoile rapidement la quasi-totalité de ses cartes en nous expliquant trop tôt ce qui se cache derrière ce costume (la légende évidemment fausse est un brin facile pour la suite des événements) et ce qu'il adviendra de celui qui est à l'intérieur, notamment au sujet de ses grosses fringales...
À partir de là, tout en étant toujours plaisant à suivre (ce qui est assez rare pour être souligné) mais débarrassé quelque part de son aura de mystère, "Clown" va s'enfermer dans un entre-deux frustrant qui n'est pas sans rappelé quelques oeuvres de son parrain Roth. En fait, l'humour noir se traduisant par une générosité dans les quelques effets gores et le choix de certaines victimes (absolument tout le monde peut y passer, même les plus inattendus) neutralise complètement le côté effrayant auquel le film semble vouloir prétendre la majeure partie de son temps. Et vice-versa ! En n'embrassant jamais pleinement une de ces deux directions (un délire à la "Stitches"/"Dark Clown" ou un vrai film flippant de clown ?), "Clown" ne parvient à trouver la formule continuelle et indispensable pour maintenir l'équilibre parfait entre ces deux registres.
Néanmoins, rassurez-vous, "Clown" réservera toujours son lot de bons moments comme des mises à mort très amusantes, un passage dans une salle de jeux pour enfants faisant son petit effet et une transformation physique de son personnage principal superbement travaillée au niveau des effets qu'on imagine à l'ancienne, surtout dans la dernière partie.
Bref, une clownerie somme toute agréable à découvrir mais dont on ne peut s'empêcher de se dire qu'elle avait le potentiel pour être bien plus.