Sam Raimi est - et restera - un réalisateur culte pour sa saga "Evil Dead", qui a bousculé les codes du genre et forcé le respect des critiques en, raison de la précocité de son talent (il avait 20 ans lorsqu’il a réalisé le film). Pour autant, les années ont passé et, une fois mis de côté ces considérations "cinéphiles", on peut se demander ce qu’il reste, aujourd’hui, de cet "Evil Dead", premier du nom. Un point reste incontestable : l’idée de départ est plutôt original et son traitement est assez inattendu. Il est difficile, aujourd’hui, de se faire une idée objective de ce qu’a pu représenter le film lors de sa sortie, tant son style a été copié depuis. Mais il faut bien reconnaître que Raimi cumule pas mal d’idées, tant visuelles que scénaristiques, plutôt audacieuses, que ce soit la place du Necronomicon (un livre maudit écrit avec du sang et relié avec de la peau humaine, rien que ça !) comme origine des malheurs du héros au récit des événements passés par voie de magnétophone en passant par les fameux plans dans la forêt en vue subjective censés personnifier l’esprit démoniaque. Le film va, du reste, assez loin (pour l’époque !) dans l’évolution de son récit et n’hésite pas à sacrifier ses personnages, parfois douloureusement. La violence est, d’ailleurs, est rude (encore une fois, pour l’époque), voire frontale dans ce qu’elle suggère
(le viol "végétal" est assez osé, voire un peu limite dans son traitement)
. Enfin, le fait d’avoir limité le nombre de personnages et de s’être cantonné à une unité de lieu (idées dictées par le budget ultra light du film…) permet de conférer au récit un sentiment d’oppression non négligeable mais, également, un sentiment d’identification qui a permis au film de plaire aux ados de l’époque, puis d’assurer sa pérennité… Pour autant, j’avoue être franchement resté sur ma faim. Difficile, tout d’abord, de se satisfaire totalement de la mise en scène de Sam Raimi au vu du caractère très "amateur" de l’image proposée… qui donne, certes, du cachet (voire un certain charme) mais qui donne l’impression d’être devant un film d’étudiant (un peu comme le "Bad Taste" de Peter Jackson ou, dans une moindre mesure, le premier "Mad Max" de George Miller). Autre problème, plus personnel cette fois, le scénario reste assez premier degré et ne vient pas, pour autant, forcément révolutionner le genre. On a, ainsi, droit aux esprits vengeurs qui viennent posséder les personnages… possession qui ne sera pas sans conséquences sur leur intégrité physique et leur lien amicaux. On a, également, droit aux habituels poncifs du genre (voix démoniaque, tronche invraisemblable, écoulements intempestifs de différents fluides corporels…) qui ne m’ont jamais totalement emballé, quelque soit le film de possession. Mais, surtout, et c’est à mon sens le plus gros défaut du film, le casting est invraisemblablement apathique et les personnages très peu écrits. Ce défaut m’a paru d’autant plus frappant que la saga Evil Dead recèle, en ses rangs, l’un des personnages les plus iconiques qui soit pour la communauté geek, à savoir Ash Williams, campé par Bruce Campbell. Le (futur) acteur fétiche de Sam Raim se montre, ici, étonnement éteint et ne sort, au final, son épingle du jeu qu’en raison du sort de son personnage
(qui est le seul à survivre !)
. Pour le reste, il se perd dans le fongible ambiant… ce qui ne sera absolument pas le cas dans les deux suites du film ! Je suis sans doute trop exigeant avec cet "Evil Dead" (qui ne m’a, d’ailleurs, pas totalement déplu) mais les suites, pourtant plus réussies à mon sens, me confirmeront que cette saga n’était pas faite pour moi.