Evil Dead, de Sam Raimi, bénéficie de l’aura culte qui caractérise également des films tels que Bad Taste, Texas Chainsaw, Maniac et autre Zombie, symbole d’une époque où l’horreur n’avait pas limites, seuls les moyens à disposition des réalisateurs en avaient. Ici, c’est un film trash culte qui aura donné naissance à une trilogie, réalisé alors que Sam Raimi n’avait que vingt printemps. Un film sans limites produit et réalisé avec des moyens dérisoires et qui trouve encore son écho aujourd’hui, dans les tabloïds horrifiques et dans les annales du cinéma de genre, sans parler d’un remake que l’on découvrira, sceptique, ce printemps. Oui, Evil Dead, de par son ton sujet traiter avec culot, de par sa mise en scène inventive, du fait qu’il fût bâtisseur de stéréotypes encore aujourd’hui exploités, est bel et bien un film culte.
Avec peu de moyens donc, Raimi, un enfant terrible selon les dires de son entourage, ose mettre en scène, en parallèle à une scène horrifique en pleine expansion, sa vision de la possession, des morts vivants et du mythe de la cabane isolée. Ce dernier mythe perdurera d’ailleurs indéfiniment, mais jamais avec autant de caractère. Oui, parce que si un élément s’impose ici parmi les autres, c’est bien la caractéristique du lieu, une forêt décharnée sordide et étouffante, une cabane vétuste et toute pourrie et de la rouille, de la crasse, à tous bouts de champs. Les personnages sont dès les premiers instants plongés dans un enfer terrestre que Raimi à sacralisé en dynamisant ses prises de vues, semant le brume, masquant une lune jaunâtre sur chacun de ses plans de nuages noires, retournant la terre et faisant crisser tous les sons.
Evil Dead, outre son aspect lugubre et mystique, est un exemple de mise en scène funeste, d’inventivité propre à créer la misère, de plans fixes ou en mouvements qui donnent la chair de poule. Passé là-dessus, reste que le film a cruellement vieilli, que ses interprètes ont pris un sacré coup de vieux, il en va de même pour la bande son parfois à la limite du parodique ou de certains séquences inutiles dont le seul but et d’amener encore plus de clichés, la scène inaboutie de la tronçonneuse par exemple. Si dans leur ensemble, les effets visuels sont amusants parce que forcément dégoûtants, d’autres, moins réussis, viennent montrer les limites des moyens de Raimi et de ses producteurs, la compote de pomme et les autres artifices alimentaires officiant comme chair morte ou rejets organiques divers.
Corps martyrisés, sang à profusion, membres découpés et cris lugubres au menu. Oui, Evil Dead peut faire peur mais son âge n’officie pas dans ce sens. Inutile toutefois de l’accabler pour cela, l’on n’y peut rien si ce n’est vanté les mérites de Sam Raimi pour son travail à l’époque. Comme mentionné, Evil Dead est un film témoin, une référence horrifique, un film réussi de par ses prises de vues originales, son atmosphère étrange et l’absence de limites. Dégelasse voir même rebutant, il produit son petit effet comme il se doit, l’on n’en demande pas plus, si ce n’est peut-être des interprètes un poil plus motivés, plus intéressants. Oui, s’il est un défaut du film, il s’agit bien de la prestation des acteurs et du charisme de ces derniers. 12/20