Avis sur Le Refroidisseur de dames

Le classique film de sérial killer de la fin des années 60 avec tout même une originalité un ton de comédie avec l'enquêteur George Segal qui vit toujours avec sa maman, Rod Steiger en assassin délirant et Lee Remick à la fois charmeuse voir provocante et aussi amusante. La fin reste un peu décevante.

Voici un film qu’on n’oublie pas de sitôt, il est vraiment original par son traitement et il est de plus en plus passionnant en se rapprochant du mot fin. Tous les personnages sont décalés par rapport à la vie réelle et la folie, sujet principal du film, s’y trouve à l’aise ce qui amoindrie heureusement le coté monstrueux du héros. Rod Streiger y est comme un poisson dans l’eau, il laisse court à tous ses excès pour notre plus grand plaisir. L’intrigue, banale au demeurant, prend du sens grâce au comportement professionnel de l’inspecteur Morris non pas fasciné mais dégoutté par le tueur qu’il recherche. Lee Remick y joue un personnage bizarre, voir inquiétant, dont nous ne saurons pas grand chose. La mise en scène s’appuie beaucoup sur une bande son travaillée notamment par des bruitages fort inquiétants, la poursuite finale est bien faite puisque elle arrive à nous y faire participer. Enfin la scène finale rappelle celle de Terminator 2, je ne serais pas surpris que Cameron est vu ce film.

Le problème de cette histoire de serial killer perturbé par sa mère est qu'elle est convenue de A à Z et comporte donc peu de suspense, sauf peut-être à la fin, et encore. A contre emploi, Rod Steiger s'en tire plutôt bien, mais ses partenaires, dont Lee Remick et Georges Segal manquent de présence et de personnalité. Si on ajoute les scènes de remplissage avec la mère de l'enquêteur, cette comédie polar sérieusement en longueur. On s'ennuie et on attend une idée et/ou un rebondissement original qui ne vient jamais.

Jack Smight nous livre une œuvre malheureusement trop méconnue, et pourtant, quel plaisir de visionner ce refroidisseur de dames. Evidemment, le titre français n'est pas engageant et le sujet peut sembler morbide : un serial killer se déguise et enchaîne les meurtres de femmes d'âge mûr. Si le réalisateur s'inspire de loin de "L'étrangleur de Boston" le scénario s'oriente sur le style de la comédie policière aigre douce au ton désopilant. Rod Steiger est inénarrable dans le rôle du tueur malade, il revêt moult déguisements et nous montre toute l'étendue de son talent dans différents registres avec un point d'orgue pour le plombier allemand. Pour ne pas en louper une dans le genre loufoque, le scénariste John Gay ajoute un flic sympathique et désabusé, l'inspecteur Morris (George Segal) aux allures de playboy raté qui est encore célibataire et, pour faire bonne mesure, il vit encore chez sa mère, une femme plutôt envahissante. Les dialogues sont succulents et Mme Morris mère n'est pas la dernière des harpies. En revanche, la ravissante Lee Remick apparait peu dans un rôle effacé et ambigu, c'est le seul gros défaut du film, son personnage n'amenant rien de particulier à l'intrigue si ce n'est le charme indicible de l'actrice et un humour décalé dans l'intonation du film. Smight tient son pari de réussir une pellicule qui tient ses promesses, mêlant comique, policier et thriller tantôt drôle, tantôt sérieux et surtout, il parvient à tenir en haleine jusqu'à la scène finale. Une curiosité à découvrir d'autant plus qu'elle contient quelques séquences surprise à ne pas rater.