Le film sentimentalo /social, grande spécialité française. Qui fût dans le passé parfois traité très bien (Ma petite entreprise, par exemple), mais qui ici tourne au mélodrame pleurnichard -il me semble que de Cédric Kahn, j'aurais attendu quelque chose de plus musclé, de moins gnangnan -on se croirait parfois dans un téléfilm de Fr3.
Lui, Yann, est cuistot en entreprise, elle, Nadia (la ravissante Leïla Bekhti) est serveuse (et mère célibataire), ils se rencontrent, ils s'aiment. En se promenant, ils découvrent aux bords d'un étang, dans une forêt du grand ouest parisien, un chalet en bois assez délabré, qui ferait un merveilleux restaurant, feu de bois l'hiver, barbecue /brochettes l'été. Coup de foudre. Ils le veulent (surtout Yann). Réfléchissent ils à la viabilité de l'affaire? Point du tout. Et vous vous dites: quels crétins!
Pour constituer un apport personnel, ils ont l'idée géniale de contracter une batterie de crédits revolving (un "ami" leur a dit que c'était une super solution) -et vous vous dites, quels crétins, mais quels crétins! Et vous vous dites, je vais supporter pendant deux heures les mésaventures de deux crétins? Ben oui. Mais vous ne le regretterez pas, parce qu'ils sont attachants. Guillaume Canet est excellent. Il ferait mieux de se recentrer sur son métier d'acteur plutôt que de réaliser, car si son premier film, Mon idole, était très intéressant, le dernier, Les petits mouchois, était drôlement tarte. Ici, il donne vie à son personnage avec beaucoup d'intelligence. Il faut le voir se débattre, parce qu'il est combatif et courageux, contre les emmerdements qu'il ne cesse de provoquer, en essayant de rester honnête, jusqu'au bout.
C'est que, pour restreindre les dépenses de remise en état des lieux, Yann a fait l'impasse sur un certain nombre de règles de sécurité (quel crétin....), et évidemment, lorsque la commission passe, elle ne le rate pas. Pas de fonds pour faire les travaux supplémentaire requis. Rien à attendre du côté de la banque, car elle a évidemment découvert l'existence des crédits revolving.... Entre temps, Nadia est partie tenter sa chance au Canada en laissant à Yann son petit Slimane, et ne donne plus de nouvelles. Vous apprendrez à la fin qu'elle aussi a eu ben des malheurs, ma bonne dame.
Yann n'écoute pas les conseils des représentantes de la commission de surendettement , mais par contre il se fie à un faisan qui pue le margoulin à cent mètres (un "ami" d'"ami"), qui se propose de mettre l'affaire en gérance; propriétaire d'immeubles insalubres, il loge les deux garçons dans un de ses taudis (on ne vous épargne rien....). Cette paternité de circonstance ne se passe pas trop mal (grosse crise quand Slimane vole des baskets), parce que Yann est, malgré toute son immaturité, un type de principes, et c'est en cela qu'il est attachant.
Immaturité, irresponsabilité -on n'entend plus trop parler de ces contrats d'auto-entrepreneur, ils ont tous du couler à pic -pour les mêmes raisons que la merveilleuse guinguette rêvée par le petit couple. Nos banlieues ont du talent, oui.... mais rien dans le crâne. Et aussi, cette facheuse tendance à se fier plutôt aux conseils d'un vague pote, plutôt qu'à ceux des représentants de l'autorité. Voila un film exemplaire, un film qu'il faudrait montrer dans ces banlieues, sauf que ce sont les bobos qui vont le voir au cinéma, et que les jeunes courageux mais immatures qu'il pourrait faire réfléchir vont plutôt voir Mission Impossible 4....