Véritable film-concept, De son appartement suit Jean-Claude Rousseau 70 minutes durant alors qu'il est seul chez lui. On le voit ainsi ponctuer ses lectures de Bérénice de tâches domestiques et d'occupations journalières. "Comme si Rousseau, tirant parti des possibilités du cadre et du montage, tâchait de mesurer l'impact sur l'espace quotidien d'un texte consacré à l'attente de l'autre, à la peur de son absence", écrit Mathieu Capel dans Images de la culture.
La tragédie de Racine, Bérénice, tient une grande place dans le film. Jean-Claude Rousseau précise :"Ce film n'est pas une adaptation de Bérénice de Jean Racine : je ne suis pas allé chercher Bérénice, c'est Bérénice qui est venue au film."
Les couleurs du films, aux tons "fanés" selon les termes du réalisateur, sont ponctuées de plans noirs et vides. "Tout ce qui se voit est marqué par le temps (...). Ce lieu n’est pas loin d’être un tombeau. Il peut être habité par l’amour sacrifié de Titus et de Bérénice. (...) Les noirs, qui ponctuent le film, isolent les plans et préservent leur autonomie. Ils sont le vide qui subsiste entre les éléments non raccordés et laissés libres de s’accorder à l’ensemble," explique Jean-Claude Rousseau.
Un certain aspect humoristique vient traverser le film de Jean-Claude Rousseau. "L’humour, toujours inattendu, ouvre une échappée. Dans la surprise s’opère un dégagement. La pression diminue, le film s’allège et respire mieux. C’est, en quelque sorte, doser la pression atmosphérique du film", explique le réalisateur. Il ajoute :"La question de l’humour évoque pour moi les films d’Ozu. Mais aussi Bresson dont je mesure mieux, aujourd’hui, l’admiration pour Chaplin".
De son appartement a obtenu le Grand Prix de la Compétition Internationale au Festival International du Documentaire de Marseille en 2007. Le jury était présidé par Apichatpong Weerasethakul.