En guise d'ouverture au Festival de Cannes 2012, le dernier film de Wes Anderson, "Moonrise Kingdom"! Sur l'ensemble de sa filmographie, Wes Anderson reste à son univers poétique, absurde, drôle mais aussi mélancolique. D'ailleurs c'est sur ce dernier point que le réalisateur américain parvient à captiver le plus. Déjà dans "La Famille Tenenbaum", la mélancolie avait une place importante, notamment auprès des personnages de Gwyneth Paltrow et de Luke Wilson. Rebelotte quelques années plus tard avec son dyptique "Hôtel Chevalier" et "A bord du Darjeeling Limited". Mélancolie qui s'attardait sur ces trois frères dans leur périple à connotation spirituelle, alors que ces derniers se voyaient être sans père. "Moonrise Kingdom" n'échappe pas à la règle. Si ce n'est le visage de la mélancolie qui apparaît là dans les yeux de deux enfants à problèmes. L'un, Sam, jeune scout orphelin et l'autre, Suzy, fille incomprise dans sa fratrie. Certes, si l'approche enfantine peut faire penser à une certaine forme de naïveté, il faut savoir que Wes Anderson échange les rôles. Les adultes se voient prendre le rôle des enfants, en adoptant un comportement naïf justement, mais aussi dans leur manière de voir les choses, vision plus infantile que celle des enfants qui eux se comportent comme de vrais adultes débrouillards et responsables. Mais le plus magnifique dans "Moonrise Kingdom" est cette histoire d'amour, représentation originale des premiers sentiments. Non sans pudeur, Wes Anderson filme avec toujours cette technique formidable, les aventures des deux amoureux, d'abord recherchés par les autres puis confrontés aux autres. A cela on retrouve des élements propres à d'autres longs-métrages comme le père qui refuse catégoriquement que sa fille voit l'autre ce qui entache un minimum le récit mais rien de bien grave. "Moonrise Kingdom" a cet aspect authentique et s'inscrit parfaitement dans la continuité de ce qu'on a pu voir précedement chez Anderson. Niveau mise en scène, là aussi gros boulot. Les plans fixes gratifiés de quelques travellings sont travaillés et rien n'est superflu. Certains moments rappellent même quelques toiles de peintures, art qui se rejoint auprès du jeune Sam. D'ailleurs, concernant les jeunes acteurs, ces dernier se débrouillent plutôt bien pour une première incursion au cinéma ce qui prouve encore une fois le talent de Wes Anderson à diriger sa palette d'acteurs, auxquels des pointures comme Bruce Willis (qui délaisse un moment le cinéma d'action au grand plaisir), Edward Norton, Tilda Swinton ou même Harvey Keitel s'ajoutent.
"Moonrise Kingdom" est un film réussi sur le premier amour, autour d'adolescents perdus psychologiquement. Un regard mélancolique et nostalgique sur les jeunes années révolues...