"Moonrise Kingdom" est un réel bijou de cinéma touché par la grâce. Wes Anderson, le texan vivant désormais à Paris, nous étonne encore, mais cette fois c'est par la sincérité de son film, qui contient beaucoup moins de second degré que "La Famille Tennenbaum" ou "A bord du Darjeeling Limited". Conte à base de romance entre adolescents, probablement rêvée par Anderson lui-même quand il avait cet âge, son nouvel opus étonne par sa maîtrise. La réalisation d'Anderson, toujours aussi époustouflante pour ceux qui aiment, et , je l'imagine, énervante pour ceux qui détestent. Faisant partie de la première catégorie, je reste admiratif devant ces travellings géométriques, notamment devant les deux premiers : lors du générique de début, lors duquel Anderson donne l'illusion que la maison des Bishop est immense comme aucune autre, et lors de la présentation du camp Ivanhoé. Spécialiste de cadres dans les cadres et de plans symétriques, Anderson prouve à ceux qui ne le savaient pas encore qu'il est un grand metteur en scène. Côté scénario, que du bon également. L'humour loufoque propre au réalisateur fonctionne à nouveau à plein régime. Les acteurs sont tous brillants, Kara Hayward et Jared Gilman les premiers, époustouflants de précocité. On adore bien sûr également l'auto-dérision de Bruce Willis, qui joue un policier aux cheveux gras, bien différent de celui qu'était Joh McClane, Edward Norton en culotte courte, Bill Murray et père immature, Frances McDormand en mère frustrée, Tilda Swinton en "Services Sociaux", et Jason Schwartzman, qui n'est jamais aussi drôle que lorsqu'il en fait peu. Ajoutons à cela une partition musicale mémorable, composée entre autres du majestueux "The Young Person's guide to the Orchestra" de Benjamin Britten et de "The Heroic Weather Conditions", morceaux composé par Desplat. Vous l'avez compris, "Moonrise Kingom" mérite qu'on se précipite dans les salles pour le voir.