Une fois encore, le conflit entre britanniques et indépendantistes nord-irlandais est au centre d’un récit policier qui lorgne ici d’avantage vers l’espionnage. Prise sur le faite, une jeune femme est investie, faute de sombrer derrière les barreaux, de la lourde tâche d’espionner ses frères, les acteurs de sa cause, sous les ordres de très mystérieux agents du gouvernement de sa Majesté. A l’heure ou les deux camps, le gouvernement anglais et la partie modérée de l’IRA parle de la fin du conflit, le clan de Colette, est lui, en pleine rébellion, plus dangereux pour la couronne que tout autre. Coincée entre sa famille dite terroriste et sa nouvelle vie d’infiltrée, Colette peut-elle vraiment compte sur l’agent qui la chapote, au risque d’ajouter son nom aux nombreuses victimes du conflit?
James Marsh est très précis dans sa démarche, n’altérant jamais son récit d’une violence inutile ou de surenchère visuelle. L’Irlande du Nord, Belfast, est une région grise, morne et ravagée par la haine. L’on sent dans le regard de chien battu de son personnage principal, en tant soit peu non expressive, Andrea Riseborough, tout le poids du fardeau qu’est sa condition de femme soldat au service d’une cause. De paysages pluvieux, de quartiers sordides de Belfast aux domiciles des intéressés, au bureau de la police locale, Marsh ne laisse jamais le soleil briller, donnant la sensation qu’aussi longtemps que durera cette guerre, l’air maussade persistera.
Hormis de dresser un tableau peu reluisant de l’Irlande du Nord, James Marsh tente de mettre à jour les dessous d’une histoire d’espionnage, d’infiltration. C’est malheureusement là que son film prend légèrement l’eau. Si le centre de gravité du personnage de Colette est très bien défini, le contexte, l’IRA, sont que trop vagues. L’on peine à donner un rôle à nos personnages dans l’ensemble du conflit, Marsh ne nous laissant qu’imaginer leurs importances. Par ailleurs, le personnage de Clive Owen, pas mauvais du tout, semble lui-aussi issu d’un groupement policier dont l’on nous dit rien. L’on sait seulement de quel coté sont les personnages, sans approfondir les causes, leurs entourages.
Si Gillian Anderson ne sert ici strictement à rien, les deux acteurs principaux sont toutefois très bons. L’austérité du personnage d’Andrea Risborough confronté au professionnalisme de celui de Clive Owen donne quelques têtes à têtes très pesants. Un film tout à fait correct qui souffre d’un manque d’ambition peut-être voulu, ne se concentrant que sur une poignée de personnes pour presque délaissé tout le reste, voir même le contexte. Dommage que James Marsh n’ait pas vu plus grand, il en avait sans doute les capacités. 12/20