J’avoue être un grand amateur de romans d’horreur ; et si Stephen King et Clive Barker sont incontestablement à mes yeux les deux grands Maîtres en la matière, j’ai aussi été séduit par de nombreux livres de Dean Koontz tels que «Les Larmes du Dragon», «Les Yeux des Ténèbres», «Miroirs de Sang», «Phantoms», «Démons Intime», «Midnight». Par contre, je ne savais pas que Koontz s’était lancé dans une nouvelle série moins horrifique tendant plus vers le fantastique/surnaturel : la saga Odd Thomas. Alors, lorsque j’apprends que Stephen Summers, l’un des réalisateurs les plus sincères d’Hollywood ("Un Cri dans l’Océan", "La Momie", "Le Retour de la Momie", "Van Helsing", "G.I. Joe"…soyons franc : même s’il ne s’agit pas de grands chefs-d’œuvre, les films de Summers sont totalement décomplexés et ils transpirent la sincérité de leur auteur et c’est ce qui les rend si attachants), allait s’occuper de l’adaptation de cette saga, j’étais doublement curieux de découvrir la chose. L’histoire nous introduit le jeune Odd Thomas qui est considéré comme quelqu’un de bizarre (c’est d’ailleurs la traduction littérale de son prénom « Odd ») vu qu’il agit souvent de façon inhabituelle (comme le fait qu’il adore travaillé dans son fast-food alors que beaucoup considère ça comme avilissant). Mais ce que les gens ignorent, c’est qu’il est vraiment à part puisqu’il possède un double don : il est capable de voir les morts sans pouvoir communiquer avec eux et il peut aussi voir des étranges créatures de l’au-delà, les bodachs, souvent annonciatrices de morts. Un jour, il va rencontrer un homme qui aura autour de lui un nombre incalculable de bodachs : Odd comprend donc qu’un horrible drame va se produire en ville…Original, n’est-ce pas ? Toute la force de ce script est de faire cohabiter très habilement l’enquête policière à laquelle va procéder Odd pour comprendre ce qui va arriver et qui va le perpétuer, ainsi que le côté fantastique dû à la présence des bodachs et du fait que Odd peut les voir. On jongle facilement de l’un à l’autre tout en ayant parfois des moments de pure comédie (la présentation du personnage principal par lui-même en monologue interne nous révélant qui il est et son passé est juste excellente et drôle à souhait !) et d’autres de pure sensibilité (notamment les séquences entre Odd et sa tendre Stormy). C’est dans ce mélange des genres bien maîtrisé que l’on retrouve la patte de Stephen Summers, et ça fait vraiment du bien de le retrouver finalement là où il est le mieux : la série B décomplexée dont il a le contrôle total. Avec un très bon rythme, on suit donc notre Columbo en herbe tout du long de son investigation, cette dernière étant rondement menée à l’écran avec ses moments de tensions, allant crescendo jusqu’à la révélation finale agrémentée d’un twist scénaristique inattendu et bienvenu. Niveau effets spéciaux on n’est pas en reste avec de jolis plans en travelling accéléré, d’autres en ralentis assez court soutenant des scènes d’action très dynamiques, les bodachs sont très réussis grâce à leur design aussi superbe que terrifiant. Du côté des acteurs, rien à redire au jeune Anton Yelchin (le Kyle Reese de "Terminator Renaissance", le héros de "Fright Night" et le Pavel Checkov de "Star Trek" et "Star Trek Into Darkness") : il est parfait dans le rôle de Odd. La charmante Stormy, interprété par Addison Timlin (déjà vue aux côtés de Clive Owens dans "Dérapage" et de Al Pacino dans "Les Derniers Affranchis"…y’a pire comme débuts, non ?!), est un personnage attachant par son double statut de compagne douce et aimante et de jeune fille forte n’ayant pas froid aux yeux (d’ailleurs, leur couple à elle et Odd est vraiment très attachant). Et nous noterons aussi la participation sympathique de ce monstre sacré qu’est Willem Dafoe ("Platoon", "Mississippi Burning", "La Dernière Tentation du Christ", "Sailor et Lula", "Existenz", "Spiderman"…plein d’autres !!) dans le rôle de Wyatt Porter. Un bon casting solide et convaincant donc. Au final, Stephen Summers nous revient avec une excellente surprise et son "Odd Thomas" est une petite bouffée d’air dans le conglomérat des films de genre préformatés dont Hollywood nous inonde depuis un moment : loin d’être un film majeur, il s’impose comme une très solide série B, plaisante, décalée et bourrée de charme, d’humour, de mystère, de sensibilité, de suspense, le tout porté par une brochette d’acteurs ont l’air de réellement s’amuser à incarner leurs personnages. N’ayez aucune crainte : regardez "Odd Thomas" et laissez-vous envoûter comme je l’ai été…d’ailleurs je pense que je vais lire les romans de Koontz. A ce sujet, Mr Summers, si vous voulez faire la suite, c’est quand vous voulez !!