Ariel Vromen dresse un portrait pour le moins aléatoire de l’homme de glace, The Iceman, père de famille dévoué, aimant, assassin méthodique et sans pitié le reste du temps. Employé par la pègre New-Yorkaise, Richard Kuklinski assassina impunément et pour l’argent plus de cent personnes. Voilà la monstre auquel le public est maintenant confronté, un monstre à la façade humaine et au comportement indescriptible tant il est capable d’amour mais aussi de froideur. D’un sang froid monstrueux, d’une duperie astronomique, voici le portrait d’un nettoyeur de la mafia, maintenant derrière les barreaux pour deux fois la perpétuité et qui laissa derrière lui une famille incrédule et détruite. L’histoire vraie, on ne manque pas de le rappeler, du plus célèbre tueur à gages de la pègre.
Bon, passé là-dessus, The Iceman avait suffisamment d’ampleur pour se rapprocher des standards sur le milieu, Scorsese, De Palma, en regard au matériau proposé. Ariel Vromen n’est cependant pas à la hauteur des espérances, quand bien même avec la présence de l’immanquable Michael Shannon dans le rôle principal. Un brin nombriliste, l’on sent la fascination du réalisateur pour le sujet, décontenançant dans son traitement trop peu linéaire et finalement trop superficielle pour convaincre pleinement, The Iceman est relégué de film prometteur à polar du dimanche soir, fainéant mais aussi trop peu personnelle. Tout n’est pas mauvais, qu’on se rassure, le jeu de Shannon étant comme à l’accoutumée excellent, mais l’on était en droit d’attendre autre chose qu’un simple objet de fascination pour un monstre sanguinaire.
Alors que Vromen s’acharne à dépeindre la relation de l’ami Richard avec sa famille, sa femme et ses deux filles, dans de nombreuses scènes crispantes tant elles sont ordinaires, il passe à coté de bons nombre d’éléments cruciaux, laissant en quelque sorte entre parenthèse la véritable fonction sociale du bonhomme. Si les premiers méfaits du gaillard sont habilement mis en scène, la suite verra s’aligner les macchabés sans la moindre style. La rencontre foireuse entre deux assassins, l’autre étant interprétés par un Chris Evans dans ses mauvais jours, finis de donner son crédit au personnage curieux de Kuklinski, alors que le script lui aussi semble se perdre en conjoncture. En somme, si tout commence pour le mieux, la fin, elle, n’est pas à la hauteur. Soit, le final se devait d’être saisissant, il l’est dans une certaine mesure, mais le chemin y conduisant n’est pas franchement agréable à suivre.
Trop amateur pour démontrer que le polar n’est pas mort, trop captivé par le destin de Richard Kuklinski qu’il oublie parfois de nous raconter son histoire, Ariel Vromen ne m’aura pas convaincu. Malgré tout, son film offre son lot d’excellentes scènes noires, à l’image de l’assassinat du personnage de James Franco, des confrontations musclée avec celui de Ray Liotta. Pour ne pas démolir le cinéaste, son excellente notion de photographie lui aura au moins permis de mettre habilement en image les années 60, 70 et 80. Un film curieux qui aurait pu en dire bien d’avantages, parfois presque mauvais, d’autres fois presque transcendant. Du bon et du mauvais et une petite moyenne pour un film qui avait de la gueule mais qui repart malheureusement la queue entre les jambes. 11/20