Plein succès ! L'histoire de Richard Kuklinski, The Iceman, par Michael Shannon, est un petit bijou d'interprétation ! Joué avec une froideur de glace, ces soudaines bouffées de colère ou de nervosité, Shannon est brillant dans le rôle principal, et soutenu par une foule de seconds rôles de choix. Jusqu'à James Franco, présent le temps d'une scène. La bande-son est discrète, tout en musiques subtiles, qui renforcent le charme old-school des décors ou des scènes les plus marquantes. Le scénario est, ici, le point qui fait débat. A la critique qui veut que le film soit "trop explicatif", non, pas du tout. C'est d'ailleurs le seul défaut du film, une fin brutale qui nous laisse sans explication sur la chute de ce anti-héros. Nous n'aurions pas refusé vingts minutes de plus pour développer la fin, c'est là où se situe le paradoxe. Une histoire lente qu'on aurait souhaitée plus longue ! Car lent n'est pas mou, ici l'esthétique et la mise en scène priment sur l'action et la violence, les meurtres eux-mêmes sont loin d'être traités avec des effusions de sang et une débauche de brutalité. Cette mise en scène est à l'image du personnage principal, froide, soignée, précise et brillante, avec un bel équilibre de la psychologie des personnages (très implicite dans le cas de Kuklinski, avec cet air stoïque parfaitement glacial, mais l'esprit d'une réelle profondeur), de scènes vives, parfois drôles si l'on aime l'humour noir, parfois plus dramatiques. A voir, sans aucun doute, ne serait-ce que pour l’interprétation de Michael Shannon. A tel point qu'on sort du cinéma avec la question: "Kuklinski est-il un pur sociopathe ou éprouvait-il vraiment de l'amour pour sa famille ?".