Etonnant que l’on ne parle pas plus dans les médias de « The Iceman », sorti cette semaine dans les salles de cinéma de l’hexagone.
Premièrement parce que le long métrage d’Ariel Vromen prend comme trame de fond la dramatique histoire (vraie) de Richard Kuklinski, père de famille exemplaire le jour et tueur à gages redoutable de la mafia américaine la nuit. Le bonhomme aurait ainsi liquidé plus d’une centaine de personnes dans les années 70.
Secondo parce que « The Iceman » bénéficie d’un casting aux petits oignons avec l’impressionant Michael Shannon en chef de file (prodigieux dans « Take Shelter », et à découvrir en Zod dans le très prochain et très attendu « Man of Steel » de Zack Snyder) dans le rôle-titre, puis quelques bons tuyaux à ses côtés : Ray Liotta, indétronable ripou du cinéma (« Les Affranchis », « Narc », ou encore « Cogan » dernièrement), accompagnée de la magnifique et trop rare Winona Ryder, du pudique Chris ‘Captain America’ Evans, mais aussi David ‘Ross Geller’ Schwimmer, Stephen Dorff et James Franco dans des rôles plus secondaires.
Synopsis Allociné : Tiré de faits réels, voici l’histoire de Richard Kuklinski, surnommé « The Iceman », un tueur à gages qui fut condamné pour une centaine de meurtres commandités par différentes organisations criminelles new-yorkaises. Menant une double vie pendant plus de vingt ans, ce pur modèle du rêve américain vivait auprès de sa superbe femme, Déborah Pellicotti, et de leurs enfants, tout en étant secrétement un redoutable tueur professionnel. Lorsqu’il fut finalement arrêté par les fédéraux en 1986, ni sa femme, ni ses filles, ni ses proches ne s’étaient douté un seul instant qu’il était un assassin. Pourquoi l’est-il devenu, et comment a-t-il réussi à continuer pendant si longtemps ?
Ariel Vromen n’est pas un novice. Derrière cet étrange nom se cache en effet le metteur en scène du brillant court métrage « Jewel of the Sahara », qui connut en 2001 un franc succès dans le milieu underground, ainsi que des thrillers méconnus « Rx » / « Danika », plutôt bien fagotés.
Très fortement inspiré par quelques étalons d’or du polar froid tendance énigmatique, « Les Affranchis », mais aussi par la saga vidéo-ludique « Grand Theft Auto », le réalisateur israëlien livre aujourd’hui « The Iceman », ou la rencontre au sommet de deux grands tarés du septième art, j’ai nommé Michael Shannon & Ray Liotta.
Le premier incarne avec brio la figure noire Richard Kuklinski, le « polak » à la double vie, rongé à la fois par ses angoisses à force de zigouiller plusieurs escrocs notoires, mais aussi par sa vie de famille, paisible et agréable, peut être un peu trop d’ailleurs. Le second interprète, quant à lui, le mafieux Roy DeMeo, personnage – crapule qu’il connait sur le bout des doigts maintenant, si l’on en juge par sa filmo. Les deux comédiens placent une nouvelle fois la barre très haute dans leur incarnation de personnages morcellés par la folie dissimulée dans leurs yeux.
Ils sont épaulés dans leur tâche par un David Schwimmer méconnaissable – une moustache bien 70’s et un début de mulet complètement improbable – mais très juste en homme de main du numéro uno de la pègre, ainsi que par Chris Evans, loin de la facilité du pop & fun Marvelien, et admirable bandit menant lui aussi une vie complexe. Enfin, Winona Ryder s’avère saisissante dans le rôle de l’épouse aimante mais parfois méfiante.
Ariel Vromen nous rappelle de son côté, non sans une certaine mélancolie, les deux seules échappatoires possibles du truand : la mort ou la taule. Hélas, le metteur en scène n’échappe pas à quelques clichés ambulants mais réalistes : enfant victime de maltraitance, comportement paranoïaque du héros, interviews réalisés en prison …
Bilan : Après « Cogan : Killing Them Softly » l’hiver dernier, « The Iceman » s’inscrit lui aussi dans la lignée de ces films noirs & froids, empreints d’une véracité troublante sur les mœurs politiques de l’époque, doublés d’un fascinant portrait sur une figure emblématique & énigmatique du grand banditisme.