A un moment du film, Zaza accuse son Renato de s’inquiéter pour la recette de leur cabaret. En regardant "La cage aux folles II", je me suis dit que c’était une réflexion à laquelle les producteurs auraient dû se soumettre avant de se lancer dans cette suite. Mais le succès commercial de "La cage aux folles" premier du nom avait de quoi donner le tournis et ça n'a pas raté : les tourments ensorcelants de cette réussite les ont aussitôt ensorcelés et leur ont donné envie d'exploiter le filon autant que possible. Pourtant, des fois, il est mieux de laisser un produit tel qu'il est quand il est au sommet de sa gloire. Certains ont su le faire, que ce soit au cinéma, en chanson, ou encore en sport. Et puis après tout, la pièce de théâtre n’avait pas bénéficié d’une suite, que je sache ! Jean Poiret, puisque c’est lui qui avait écrit la pièce d’origine, n’avait pas rempilé alors pourquoi a-t-il consenti à coécrire le scénario ? Bien entendu, vous allez me demander qu’au vu de ma note, contrairement aux premières lignes que je viens de rédiger, je ne trouve pas ce film si mauvais que ça. En effet ! Je ne peux rien vous cacher. Mais admettez tout de même que cette suite est assez en dessous du premier épisode. Il y a quand même un point qui a été amélioré : celui de la mise en scène. Alors qu'à propos de "La cage aux folles" je critiquai un jeu un peu trop théâtral chez les acteurs qui avaient tendance à ménager leurs effets comme il est de coutume à le faire sur les scènes planchéiées, on ne retrouve guère cette façon de faire ici. Tout du moins, ce type de jeu a été fortement minimisé. Ceci offre l’avantage d’apporter un peu plus de spontanéité, pour le coup bienvenue, mais aussi davantage de rythme. Et il en fallait du rythme, surtout pour avaler tant bien que mal le manque de crédibilité du scénario. Car c’est là que le bât blesse : le manque de crédibilité. Et au vu de la tournure des événements, on peut même se poser la question sur l’utilité de cette suite. Pensez donc : voilà que par un sacré concours de circonstances venu conclure les éternels caprices d’une meneuse de revue vieillissante, Renato et Zaza se font embarquer dans une histoire d’espionnage abracadabrantesque. Oui, abracadabrantesque, même si je sais pertinemment qu’une telle mésaventure pouvait arriver à n’importe qui et à n’importe quel moment. Exit donc le fils de Renato (Rémi Laurent), sa fiancée devenue sa femme (Luisa Maneri) et la mère de Laurent (Claire Maurier), tandis que Michel Galabru occupe une place nettement moins importante mais qui réussit tout de même à nous gratifier d’une scène mémorable devant un énorme gâteau d’anniversaire. Pour en revenir à l’aspect abracadabrantesque, franchement, voir des agents du contre-espionnage se laisser travestir de la sorte avant de se laisser aller dans une bagarre rangée dans une mise en scène qui lorgne vers le western par le positionnement des personnages et les regards… Oui, hein ? Vu comme ça, ça frise le ridicule, même si on tient compte du fait que ce film ne se prend pas au sérieux. Outre une intrigue policière qui se déroule sans être vraiment développée
(comment le réseau d’espions retrouve Albin ???)
, nous avons tout de même le plaisir de retrouver le tandem formé par Renato et Albin. Bien sûr, comme dans le premier film, Michel Serrault prend beaucoup de place, et ce pour notre plus grand plaisir. Endossant tour à tour plusieurs identités
(Marlène Dietrich, laveur de carreaux, femme paysanne dans l’Italie profonde et otage
), Michel Serrault nous régale
, en particulier quand il fait tourner en bourrique ses ravisseurs
. En ce qui me concerne, c’est la scène dont je viens de parler en caché que je préfère, avec la séquence du lavage de carreaux. Alors oui, il y a de bons gags, mais l’intrigue ne fonctionne pas vraiment. La faute, comme je l’ai dit plus haut, à un manque de développement, mais aussi à trop d'incohérences. Alors que le député Charrier habitait à des centaines de kilomètres des propriétaires du cabaret, ils semblent maintenant plus proches géographiquement parlant. Euuuh… ????? Conséquence directe, le chauffeur du député a lui aussi disparu de l’écran, alors que celui-ci avait un rôle de choix, certes discret, dans le déroulé de l’opus précédent. Conclusion : une suite très dispensable.