Le jeune Nicholas Jarecki, tout droit issu du monde de la finance, réalise son thriller à lui, ne surprenant personne mais renvoyant les initiés dans les années 80 et 90, là ou Tom Cruise galopait dans la firme, là ou John Grisham et ses romans judiciaires, affairistes et policiers étaient en vogue. Oui, Arbitrage nous fait redécouvrir le mode de fonctionnement des thrillers politico-financiers de la fin du siècle passé, des récits relativement simples, aux enjeux clairement exposés et aux personnages stéréotypés au possible. Quoique l’on puisse en dire, la recette est relativement onctueuse, faite d’ingrédients éprouvés, solidement testés des années durant. Ne nous emballons toutefois pas, retrouvant Richard Gere là où il était comme un poisson dans l’eau jadis, en homme mature adultère ou séducteur en passe de connaître les foudres de la justice ou d’un quelconque méchant.
Vous l’aurez compris, le script plus ou moins captivant d’Arbitrage ne tient qu’à une romance décrite en première partie de film entre un magnat de la finance hautain et mesquin, en pleine bourg professionnellement et une artiste peintre française, le belle Laetitia Casta. Si l’évènement produit et l’enquête qui s’en suit sont attrayants, il n’en n’est pas de même pour l’amourette folle entre l’amant et sa maîtresse, une tendance hautement réchauffée du cinéma pour ménagères des années 80 qui donne le feu vert à un polar traditionnel plus ou moins intéressant. Le tout étant de cadrer Richard Gere et ses allures de minet desquels il semble peiner à se défaire, embrassant à tout rompre une Laetitia Casta qui ne semble pas trop réalisé qu’elle travail pour Hollywood, aussi paumée qu’elle semble l’être face au grand séducteur d’âge passée en face d’elle.
Là où tout devient intéressant, c’est lorsque la police, particulièrement le personnage affable de Tim Roth, s’en mêle. Oui, l’acteur, tout discret qu’il est, prend ici des allures de Colombo moderne et nettement moins amical pour faire tomber, c’est un challenge pour lui, un magnat de Wall Street et des marchés, notre ami Richard en l’occurrence. L’enquête évolue comme il se doit, au fil des minutes, l’on connaît déjà la fin pour notre personnage principal, le flic étant corrompu, ses enfants étant une merveilleuse progéniture et sa femme une grâce salvatrice, bravo à Susan Sarandon, pourtant trop timorée. Oui, notre gaillard n’allant pas en prison, l’astuce trouvée par Jarecki tient la route tout en ne surprenant pas, comme l’ensemble du film.
Coté finance, banque et compagnie, l’on attendait du cinéaste quelques explications, une documentions très détaillée de son univers. Là, celui-ci ne manque pas le coche, donnant de l’ampleur à ce simple récit policier en y incluant une intrigue financière plutôt cocasse et intéressante. Les enjeux pour notre personnage principal étant doubles, le film remonte dans l’estime du public moyen car hautement plus sophistiqué qu’il y paraît. Casting trois étoiles, si l’on apprécie l’ami Richard, accompagné comme mentionne de Susan Sarandon et Tim Roth, mais aussi de Brit Marling en gentille fille à son papa. Pas franchement extraordinaire, mais faut avouer que tout fonctionne plutôt bien, c’est déjà ça de pris. 12/20