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VOSTTL
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3,5
Publiée le 13 janvier 2015
Virginie Despente m’a fait découvrir un univers que j’ignorai totalement : "le féminisme pro-sex", mouvement qui est à l’opposée du féminisme radical mais qui prouve à travers son documentaire, que ce mouvement "punk" ou "porno alternatif" fondé sur les bases queer est dans le prolongement du féminisme radicale. Car après tout, à bien y réfléchir, ce mouvement pro-sex est aussi un féminisme radical. A la différence près que les femmes revendiquent à leur façon le droit de disposer de leur corps pour assumer pleinement et sans culpabilité de le livrer à la production pornographique et à la prostitution. Oui, je le savais déjà, il y a des femmes qui ont choisi le statut de prostituée, qui assument pleinement cette fonction ; elles ne sont pas toutes issues de réseaux mafieux, victimes d’hommes peu scrupuleux. Ainsi, Virgine Despente déculpabilise quelque part l’homme, client, voyeur, pornographe. L’intervention de Catherine Breillat et de quelques stars du monde porno est rassurant et tient la route. Ainsi, selon ces femmes, actrices porno et prostituées n’hésitent pas à remettre en cause le fameux rôle d’objet sexuel qui revient aux femmes. Au contraire, la sexualité, leur sexualité doit être considérée comme un pouvoir. On y découvre des personnages assez truculents, étonnants comme cette artiste, Annie Sprinkle, qui invite le public à regarder le col de son utérus ; qui se masturbe sur scène. Comme ce photographe Del LaGrace Volcano qui s’amuse à brouiller les pistes des corps, ni femme, ni homme, un transgenre qui peut être aussi les deux. Ses clichés sont très surprenants : l'homme et la femme se confondent. "Mutantes" est un film où les corps sont assumés, valorisés, transfigurés, déstructurés, où la sexualité est considérée comme revendication politique, sociale, culturelle. "Mutantes" est une fenêtre qui permet de découvrir d’autres horizons de réflexions, de bousculer quelques barrières de préjugés. Il peut choquer si l'esprit n'est pas disposé à admettre cette autre forme de radicalité féministe underground. Instructif.
On peut ne pas être d'accord avec l'intégralité de ce qui nous est raconté, mais il reste néanmoins que Virginie Despentes nous livre là un film audacieux et sans concession avec un vrai propos. ( ce qui devient un peu rare) S'effaçant au profit des femmes qu'elle interroge, la réalisatrice nous livre une œuvre très forte avec des interviews passionnantes. On pourra regretter un peu la redondance de la forme et quelques images brutes livrées parfois sans aucun commentaire, mais l'ensemble du film se tient et offre vraiment matière à réflexion.
Virginie Despentes, déjà responsable du catastrophique Baise-moi (2000) quitte la fiction pour le documentaire. Exit la pornographie, ici il est question de féminisme au sens large en donnant la parole à tout un tas d’intervenants (écrivaines, activistes, théoriciennes, réalisatrices, actrices ou encore militantes féministes bien évidemment).
Mutantes, féminisme porno punk (2009) comme son titre l’indique, s’intéresse à toute une frange du féminisme peu voire pas du tout abordé par les médias mainstream. On parle aussi bien du féminisme pro-sexe (un courant alternatif issu du milieu queer qui milite pour que le corps et la sexualité de la femme soient centrale quitte à devenir des outils politiques) ainsi que de la post-pornographie (rien à voir avec la pornographie pure et dure qui n’a qu’un seul but, être un passe-temps masturbatoire, cette catégorie surreprésentée par la gent féminine, offre une tout autre vision, plus artistique et donc, bien moins patriarcal avec tous les clichés inhérents).
Le documentaire de 90min alterne donc les entretiens avec différentes captations issues de performances artistiques. Des États-Unis en passant par la France ou encore l’Espagne, la réalisatrice donne la parole à des travailleuses du sexe, des activistes, réalisatrices (Catherine Breillat, à qui l’on doit notamment Anatomie de l'enfer - 2004) et autres performeuses d’un nouveau genre pour nous éclaircir sur cette toute autre facette du féminisme. Intéressant dans le fond, mais beaucoup moins dans la forme… Le film a d’ailleurs tendance à se perdre en cours de route pour se transformer en un épisode de Tracks.