Mélanie Laurent actrice française, Mélanie Laurent actrice internationale, Mélanie Laurent chanteuse, et aujourd’hui Mélanie Laurent réalisatrice et co-scénariste. On serait en droit de redouter une overdose. Et pourtant après avoir vu Les Adoptés, la légitimité du passage derrière la caméra de la jeune icône du cinéma français n’est plus à remettre en cause.
Sur la base d’un pitch très classique de comédie dramatique où vont s’entrechoquer les thèmes de la fraternité, de la famille, de l’amour, de l’absence, de la solitude, Les Adoptés se révèle être une fable moderne, juste et poétique, sur la vie, sur le regard que chacun porte sur la sienne, et sur les relations entre les êtres. Le film prend le meilleur du cinéma indépendant d’aujourd’hui.
D’une part dans son scénario, finement écrit à trois mains, fluide, sincère, et qui dose habilement ses émotions, entre petites touches d’humour et séquences dramatiques tout en retenue.
Ensuite dans ces personnages, magnifiquement dessinés, dont on n’aime rapidement partager l’intimité, parce qu’ils nous ressemblent tant. Personnages dont l’âme provient indéniablement d’interprètes tous irréprochables, sans exception du trio de tête composé de Marie Denarnaud, Denis Ménochet et Mélanie Laurent, aux seconds rôles tenus par Clémentine Célarié, Audrey Lamy et le tout jeune Théodore Maquet-Foucher.
Enfin dans une réalisation à laquelle Mélanie Laurent apporte déjà une patte très marquée. Une patte douce, délicate, poétique, empreinte de cœur. La jeune réalisatrice s’inscrit dans la mouvance actuelle d’un cinéma français qui ne recule pas devant un esthétisme exacerbé. Elle multiplie ainsi les effets de profondeur de champs, les superpositions d’images ou encore les cadrages qui interpellent (la très belle photo est signée Arnaud Potier). Mais ici l’esthétisme ne paraît jamais trop envahissant et ne se substitue jamais à une mise en avant des comédiens. Bien au contraire, Mélanie Laurent aime ses acteurs, et chacun de ses plans ne sert qu’à les mettre en valeur et à appuyer leurs émotions. La réalisatrice filme également admirablement la ville de Lyon dont elle a su capter l’atmosphère, à la fois chaude et froide, de ses murs vieillis par le poids des années.
Les Adoptés se révèle être un coup de cœur totalement inattendu, d’une toute jeune réalisatrice dont on espère déjà voir se profiler une très belle carrière à l’horizon.
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