Un polar très fun de Castellari ! Film qui rappelle que le cinéma italien avait de bons artisans à cette époque. Le point faible du film, commençons de suite, c’est l’intrigue. Elle est assez improbable et embrouillée, alors qu’à priori les ressorts sont simples, mais le métrage n’a pas une narration super fluide et semble prendre un malin plaisir à complexifier son sujet pour créer du rebondissement. S’entrecroise avec cette intrigue l’histoire du héros avec son fils, qui tout en se recoupant finalement apparaît un peu artificielle dans son intégration (d’ailleurs on n’évoquera pas la coïncidence que son fils se trouve comme par hasard à Gênes au même moment, sans qu’on sache d’ailleurs très bien si c’est dans un pensionnat ou ailleurs). Bon, ne nous leurrons pas, l’histoire peine à tenir la route, mais ce n’est pas si important, car le reste tient la baraque. Le rythme est assez solide, et Castellari livre formellement une partition excellente. La mise en scène est nerveuse, pleine de trouvailles et d’astuces (les zooms, les dézooms, la vue subjective, les cadrages malins) qui rendent l’ensemble fort appréciable. On sent une patte d’artiste derrière, on sent que c’est réfléchi, et c’est d’autant plus appréciable que le réalisateur exploite à merveille ses décors gênois (on reconnaîtra d’ailleurs certains lieux historiques emblématiques) et distille une ambiance prenante en explorant des lieux fort variés. Le film nous emmène dans de nombreux endroits, souvent improbables ! A noter aussi une photographie qui ne sera pas sans rappeler (et du reste on peut dire cela de certains effets de mise en scène) le giallo. Il y a beaucoup de référence au genre, mais une scène en particulier, avec ses alternance de vert, de violet et de jaune fluo m’a immédiatement fait penser au giallo et à Argento bien entendu. Il y a une vraie ambiance, les scènes d’action sont super bien emballées (il y a du Parkour avant l’heure dans ce film !), il y a cette patte italienne avec le sens du drame, de la scène choc excentrique et également dans ces personnages truculents qui font mouche ! Franco Nero est parfait dans le rôle, celui d’un détective un peu dilettante, qui néanmoins va petit à petit se transformer en bête de guerre ! Il est très charismatique, et fait face à une Sybil Danning sculpturale. Elle a un assez petit rôle et on la verra pas beaucoup à poil, mais elle est assez convaincante dans le peu qu’elle apparaît. A noter que Castellari ne fait pas dans la facilité, et par exemple, on ne verra jamais le visage du principal opposant du héros. Aujourd’hui on te l’aurait révélé avant la fin, ben là, niet ! Les seconds rôles sont globalement bons, en particulier l’acolyte du héros, mais peu sont mémorables.
Enfin, je mets un point bonus pour la super bande son.
Pour ma part Cobra souffre surtout de son intrigue simple et néanmoins bancale. C’est un peu une histoire prétexte, et c’est presque dommage, car le reste a tout le potentiel pour faire un excellent film. Il y a une vraie ambiance, un vrai travail de réalisateur, un bon casting, une bonne musique, des scènes d’action originales et souvent exemplaires, c’est du cousu main par un Castellari en forme. 3.5