Ca alors! c'est la surprise de la semaine. Ce petit film sans prétention, mais plein de vérité, on pense qu'il a été tourné en Europe de l'est, dont on reconnaît l'humour grinçant et décalé; mieux: il m'a fait penser à Hiner Saleem! Ben non, c'est l'oeuvre d'un certain Sylvain Estibal, tout ce qu'il y a de plus français......
Jafaar est un pauvre pêcheur; les israéliens empêchant les Palestiniens d'accéder aux bonnes zônes de pêche, le butin se limite souvent à quelques sardines. A part cela, il possède une maison délabrée (deux soldats israéliens sont installés à demeure sur la terrasse pour surveiller la route qui mène à une colonie) et un olivier, dont sa femme (Baya Belal)gère la récolte. Un jour de tempête, pas mal d'objets tombent de transporteurs, une cargaison de tongs par exemple; mais dans ses filets, Jafaar remonte, tout à fait vivant, la manifestation du diable: un cochon chinois bien noir et bien dodu. Il tente de refiler aux autorités internationales le big (le borc, si vous voulez) -n'ayant jamais imaginé d'avoir à prononcer ce nom maudit, mais ça ne marche pas (bref rôle d'Ulrich Tukur...). Un ami lui prête une kalachnikov: Jafaar, peu belliqueux, n'y arrive pas. Mais il apprend que dans l'implantation israélienne, une jeune femme juive, Yéléna (Myriam Tekaïa) élève des borcs! -en effet, ces petits animaux, en plus d'être très forts pour trouver des truffes, détectent aussi très bien les explosifs. Yelena, justement, n'a plus de mâle, Jafaar lui ramnénera du sperme du cochon dopé au Viagra et entouré de photos de cochonettes excitantes. Puis, le cochon lui même, dûment botté de petites chaussettes pour ne pas souiller le sol israélien. Jafaar, pris à la gorge, bourré de dettes, n'en est plus à un contact impur près.... On est donc parti pour une heure et demi d'aventures picaresques, au terme desquelles Jafaar sera obligé de servir de martyr kamikaze pour le Hamas, alors même que son olivier et sa maison seront détruits par les israéliens.
C'est une comédie, et une des meilleures que j'ai pu voir depuis fort longtemps, mais en même temps cela décrit très justement le sort pathétique des palestiniens harcelés et terrorisés par leurs occupants.
Et puis, se moquer des bigots cela fait toujours du bien: fin géniale où l'on voit armée israélienne et milice palestinienne, pour la première fois de leur vie, non point opposées, mais réunies pour traquer l'animal diabolique, l'être impur... pendant ce temps là, aprés avoir erré sur un bateau, arrive sur une terre d'accueil l'étrange famille recomposée formée de Jafaar et sa femme, de Yéléna et son petit frère, sans oublier, au bout d'une corde, le cochon qui en fait désormais partie...
Jafaar c'est l'extraordinaire Sasson Gabai (la visite de la fanfare), qui arrive à faire passer toutes les émotions du monde sur un visage.... parfaitement impassible.
A voir, à voir, à voir!