Malgré son retour surprenant, un nouveau film de Francis Ford Coppola, c'est toujours un évènement, le réalisateur d'Apocalypse Now étant revenu derrière les écrans après dix ans d'inactivité. Passé au numérique, le metteur en scène nous a pondu deux œuvres pour le moins singulières. Il continue donc dans cette voie avec son 22e film, Twixt, nous présentant à nouveau une étrangeté difficilement abordable, revenant pour le coup à ses premiers amours... En effet, l'ex-assistant de Roger Corman qui a, comme beaucoup, commencé avec le cinéma de genre, retrouve le fantastique à travers cette histoire d'enquête fortuite dans les méandres d'une petite bourgade. Notre héros, un écrivain déchu, atterrit dans ce coin paumé plein de secrets et de gens atypiques, afin de dédicacer en vain son nouveau roman. Les différentes rencontres qu'il va faire ainsi que la disparition d'une jeune fille vont lui donner une certaine nouvelle inspiration et le pousser à mener sa propre petite enquête sur cette mystérieuse disparition, se faisant pour cela aider par un shérif fan de ses œuvres et même le fantôme d'Edgar Allan Poe, l'écrivain américain ayant lui-même passé un certain temps dans la bourgade maudite. Au premier abord dénué de toute logique (les apparitions fantomatiques ne sont guère expliquées), garni de quelques séquences déstabilisantes et de dialogues peu abordables, Twixt rejoint les deux précédents films du réalisateur dans cette atmosphère aussi bizarre qu'intrigante. Ainsi, à travers son investigation, notre héros de base torturé va pénétrer dans un monde de mystères, de secrets et de révélations douteuses et insoupçonnées, le changeant à jamais. Ce protagoniste est incarné par un Val Kilmer éternellement sur le retour, bouffi et sans plus aucun charme mais néanmoins ici brillant, la sobriété générale de son jeu et sa conviction naturelle en faisant un héros tout à fait attachant. En soi, Twixt est un film indéniablement inégal, déroutant et peu mémorable, la qualité visuelle du long-métrage pouvait aisément faire passer Sin City pour un chef-d’œuvre. De plus, de nombreux passages inutiles et un certain rythme lancinant ne favorisent aucunement la compréhension du film. Toutefois et au final, le long-métrage demeure intrigant et par moments d'une poésie macabre envoutante qui ne mérite pas intégralement le blâme mais qui dévoile au contraire une nouvelle facette d'un metteur en scène déchu qui trouve une certaine renaissance à travers des œuvres plus personnelles que jamais.