Francis Ford Coppola réalise ce que sa stature lui permet de réaliser, du n’importe quoi. Oui, fort d’être le cinéaste à la tête d’énormités telles que le Parrain ou encore Apocalypse Now, l’ami Coppola semble avoir laissé maintenant sa place à la descendance, sa fille, Sofia, du moins qualitativement. Oui, à l’inverse d’un Spielberg, d’un Ridley Scott et j’en passe, cinéastes constants, à peu de chose près, Coppola, lui, s’est gentiment mais sûrement effacé pour ne pointer que parfois le bout de son nez au travers, ici, d’une œuvre insignifiante, telles que celle-ci. Twixt, fable néo-gothique à l’esthétisme soigné mais à la maigreur scénaristique absolue.
Oui, ici le maître cinéaste trace le destin d’un écrivain romancier en mal d’inspirations, fort d’un semi succès ne faisant pas de lui un incontournable. Val Kilmer, lui aussi un individu échappé d’une gloire d’antan que l’on ne rencontre plus très souvent, incarne ledit romancier. Père d’une jeune fille décédée, un mariage difficile et des finances contraignantes, voilà la route toute tracée pour notre ami Hall Baltimore, qui trouve à Swann Valley, petite bourgade austère comme le cinéma nous en a servi des tonnes, une nouvelle inspiration, un nouveau sens à sa vie. Coppola traite ici, l’on semble comprendre, du deuil, de légendes et de religion.
Pour être honnête, l’on ne discerne pas franchement ou le cinéaste tente de nous entraîner. Sans doute dans les méandres de son inconscient, dans un film hybride qui n’a ni stature ni but précis si ce n’est fantasmer sur un univers bien particulier. L’écrivain rêve, se propulsant dans les ténèbres, rencontrant des personnalités douteuses, Edgar Allan Poe, plus particulièrement, tentant de revenir sur un tragique évènement d’antan. Oui, que vient faire là le célèbre écrivain de son temps, que vient faire dans la soi-disant réalité un shérif détraqué, quel est le sens du clocher à plusieurs horloges? Il apparaît très vite, à moins de perdre un temps fou à sonder son esprit, que l’on ne nous amènera pas de réponses, et pire encore d’un point de vue engouement, que l’on s’en fiche royalement.
Seul élément à sauver le film d’un sinistre désenchantement, son esthétique. Oui, Coppola, malgré tout, est resté un savant vendeur d’images, un cadreur hors pair, un cinéaste génial à qui l’on a malheureusement coupé les ailes en termes d’inspirations. Regrettable alors qu’on image à quel point le bonhomme peut être énorme si l’on lui confie quelque chose de substantielle. Pour ne pas être impoli, disons simplement que Twixt apparaît comme un fantasme de vieillard, comme une œuvre loufoque d’un cinéaste dépassé qui tente de s’exhiber dans des registres peu communs. Une véritable souffrance que d’endurer, heureusement, l’heure et demie qui constitue son dernier film, un navet en puissance et ce malgré une prestation plutôt sympathique de l’autre oublié du cinéma, Val Kilmer. 05/20