Bon, Coppola livre avec Twixt un film en demi-teinte, avec on le sent de bonnes choses, mais surement délivrée de manière peu claire et absconse.
Le casting est convaincant. On retrouve un Val Kilmer très éloigné de ses débuts, mais il trouve de nouveaux rôles du coup, et il s’en empare avec un plaisir évident. Je l’ai trouvé sobre et juste dans ce métrage, et du coup peut-être pas assez exubérant compte tenu du ton du film, mais il livre vraiment une interprétation soignée. C’est le cas aussi de Bruce Dern, pour le coup plus excentrique, et qui amène justement ce qui manque au personnage de Kilmer, sans oublier Ben Chaplin, étonnant Edgar Allan Poe, très convaincant. Au-delà de cela Elle Fanning a une présence magnétique indéniable, même si pour le coup elle n’apparait pas tant que cela, et le film dispose aussi à son avantage de second rôle de belle tenue, notamment David Paymer.
Le scénario est déjà moins attrayant. Comme dit en intro, il y a de bonnes idées, on le sent, mais elles sont mal développées. Certaines sont laissées au bord du chemin trop vite, d’autres s’intègrent mal à une narration fragmentée qui manque de fluidité, et le caractère trop souvent métaphysique du métrage finit par lui nuire quelque peu. Je comprends Coppola, je vois ce qu’il a essayé de faire, mais à mon avis il aurait mieux fait de s’orienter vers quelque chose de proche d’Arizona Dreams, où le conte et l’onirisme ne sont jamais loin, mais où l’on a bien les pieds sur terre un minimum. Le rythme en pâtit un peu aussi, car pour un film d’une heure vingt il parait tout de même assez long.
Visuellement c’est en revanche très soigné pour voir le petit budget. Coppola livre une mise en scène très propre. S’il ne montre pas une grande ambition lui qui peut se montrer tout de même beaucoup plus audacieux, toutefois son travail est efficace et s’adapte bien au film, à sa tonalité. Les décors sont convaincants, mais l’ambiance et le travail sur la photographie sont nettement au-dessus, instaurant un climax particulier à ce métrage. Il y a certaines scènes qui sont d’une grande beauté, alternant parfois avec des morceaux qui pourrait presque rappeler Sin City (noir et blanc très stylisé, notamment lors de l’exécution), bref Twixt est un mélange d’expériences visuelles imaginatif. Sinon rien d’horrifique ici, en tout cas visuellement, et j’ai été déçu par la bande son. Compte tenu de l’ambiance du métrage j’attendais énormément plus que ce que Twixt propose. Dommage, vraiment.
Au bout du compte on ne tient là un film pas déplaisant, avec des atouts certes, mais qui parait tout de même pas tout à fait abouti. Pas très à l’aise au niveau de sa narration et de l’exploitation de son potentiel, il a aussi des ratés notables coté bande son et il est dommage que les décors ne soient pas plus audacieux pour s’adapter au brillant travail sur l’image. J’accorde 3, et les amateurs d’expériences particulières pourront surement apprécier.