J'avais vraiment peur d'aller voir ce film ; peur d'être déçu et de me retrouver face à un film plat, sans originalité ni saveur. Et pourtant, c'est exactement le contraire. Francis Ford Coppola nous sort encore une magnifique petite oeuvre d'1h30 qu'il est nécessaire de voir plusieurs fois pour bien comprendre. Je ne l'ai vu qu'une fois donc mon ressenti sera uniquement basé sur ce visionnage, mais franchement je m'attendais à bien pire, surtout au vu du casting. Twixt, contrairement aux apparences, est finalement bien loin du film de vampires. C'est une histoire complexe, parfois difficile à suivre car elle se base sur un principe de tiroirs superposés qui rendent l'intrigue assez floue. Enfin, je dis "l'intrigue", mais je pense que je devrais plutôt dire "les intrigues", car le film traite d'au moins 3 intrigues différentes. On a l'intrigue "principale" : celle de l'écrivain (Val Kilmer) inspiré par la ville qu'il vient de découvrir et les événements qui s'y trament (intrigue qui contient plusieurs intrigues secondaires, mais toutefois importantes à savoir les meurtres qui se produisent dans la bourgade et le passé de l'écrivain/sa fille), l'intrigue "romanesque" : c'est le sujet du nouveau livre de Hall Baltimore, et enfin l'intrigue "fantastique" qui est vécue par Baltimore au travers de plusieurs rêves. Toutes les intrigues sont reliées entre elles, certaines se superposent même, mais je ne vais pas tenter d'expliquer ce film (d'autant que je ne l'ai pas entièrement compris). Toujours est-il que l'ambiance du film est très particulière, notamment au niveau des rêves de l'écrivain. Une ambiance très sombre, très vampiresque qui met parfois mal à l'aise. Coppola nous offre des séquences qu'il n'est pas coutumier de voir au cinéma, rien que par le traitement des couleurs qui s'approche d'un noir et blanc bleuté, de la photographie hallucinante (les premières images dans la forêt sont éblouissantes), et enfin de l'ambiance dérangeante et malsaine qui en découle. A de nombreuses reprises, Twixt m'a fait penser à du David Lynch, mêlé à un poil de Lars von Trier pour certaines images et à beaucoup de Tim Burton (Sweeney Todd/Sleepy Hollow). L'effet Lynch est très présent (les rideaux rouges dans le premier rêve, la trame à tiroirs très énigmatique, le rapport au fantastique et au diable, etc.). Au niveau du scénario, Twixt souffre un peu de la comparaison avec des films comme Mulholland Drive (même si l'idée de la tour à 7 horloges entraînant des espaces-temps différents est plutôt bonne), mais au niveau des images, le film est une beauté (rappellant également Sin City par moments - cf le passage où Flamingo se déplace à moto, ou encore les bribes de couleurs vives au milieu du noir et blanc). Qui plus est, le film traite de nombreux thèmes assez amusants (l'intrigue avec Edgar Allan Poe est intéressante - même si parfois incompréhensible - et installe une sorte de mise en abyme). En plus de l'ambiance parfois glauque et angoissante, le film se permet quelques moments d'humour bienvenu, comme le passage où Hall Baltimore, complètement bourré, tente d'écrire la première phrase de son roman (hilarant). Bref, Twixt regorge d'excellentes idées, d'un casting vraiment très correct (Bruce Dern en flic déjanté, Val Kilmer qui m'a surpris là où je ne l'attendais pas, et enfin Elle Fanning promise à une grande carrière) et d'une photographie irréprochable, mais à la fin on ne peut que se demander "WHAT ?", parce que l'intrigue est tellement floue qu'on s'y perd, ce qui donne une conclusion est assez déroutante et presque frustrante.