Après quatre adaptations live pour le moins inégales, Astérix revient sur grand écran sous la forme d’un film d’animation… ce qui n’aurait pas dû susciter plus d’enthousiasme que ça (il y a eu bien d’autres dessins animés sur le petit Gaulois) si le projet n’avait pas été confié à Alexandre Astier. Dès lors, une véritable attente s’est créée : l’auteur de "Kameloot" parviendra-t-il à se fondre dans l’univers de Goscinny et Uderzo ? La réponse est claire : OUI… au point d’être sans doute la meilleure adaptation de la BD sur grand écran après le "Mission Cléopâtre" d’Alain Chabat ! Et, comme pour l’ex-Nuls, les raisons du succès sont à chercher dans l’écriture et le choix de respecter l’œuvre original sans, pour autant, renier son propre talent. Ainsi, comme "l’esprit Canal" qui transpirait de "Mission Cléopâtre", c’est tout le ton de "Kameloot" qu’on retrouve dans "Le Domaine des dieux". ainsi, en plus du vllage gaulois, des bagarres générales, des courses aux sangliers, des colères de Jules César et de la potion magique, on retrouve ces dialogues délicieusement absurdes, des gags hilarants de simplicité, cette finesse d’écriture, ces décalages incessants, ces échos à notre époque moderne… Il faut voir les revendications du soldat romain (doublé par Elie Semoun) qui commence toutes ses intervention par "Centurion, mes camarades et moi-même…" ou celles de l’esclave toujours positif (doublé par un Laurent Laffite extraordinaire) qui se montre d’un invraisemblable pragmatisme pour se convaincre qu’on est bien devant un dessin animé qui s’adresse tant aux enfants qu’à leur parents (comme "Shrek" en son temps). Le casting vocal est, d’ailleurs, tout simplement fantastique et démontre définitivement qu’Astier a entendu respecter l’univers d’astérix. En effet, s’il a bien servi sa troupe habituelle en seconds rôles (on retrouve Lionnel Astier, Serge Papagali, Joëlle Seville, Frank Pitiot… et bien sûr Alexandre Astier lui-même en centurion contraint de se montrer poli avec ses soldats), il a limité le nombre de célébrités qu’il a cantonné à des seconds rôles (Lorànt Deutsch, Alain Chabat, Florence Foresti) voir à des guests (Florian Gazan, Pascal Demolon, Baptiste Lecaplain…) et, surtout, a conservé les interprètes habituels des deux rôles principaux. On retrouve donc l’inimitable Roger Carel qui campe, pour la dernière fois, le rôle d’Astérix (qu’il double depuis sa première apparition en 1967) et Guillaume Briat en Obélix (très bien même s’il ne parvient pas à faire oublier le génial Pierre Tornade). Le sort réservé aux deux Gaulois peut, cependant, être sujet à discussion. En effet, on voit, au final, assez peu Astérix au profit du nombre très important de seconds rôles (don une famille romaine un peu trop mise en avant à mon goût) mais, également, d’Obélix, qui se transforme ici en une sorte d’icône superhéroique qui n’est pas sans rappeler Hulk. L’idée n’est pas inintéressante (et diablement moderne) mais elle risque de surprendre les fans. C’est sans doute un des seuls défauts du film. Enfin, la qualité même de l’animation est, également, époustouflante puisqu’on a presque l’impression de se trouver devant un dessin animé hollywoodien. Il faut dire que le co-réalisateur Louis Clichy, a officié chez Pixar. Au final, "Astérix et le domaine des dieux" est une véritable réussite qui redonnerait presque espoir dans l’avenir de la franchise sur grand écran… qui avait été sérieusement mise à mal ces dernières années.