Avis sur La Donna Lupo

La Donna Lupo est un film érotique italien caractéristique, qui a été boudé par le public, mais qui s’avère finalement assez sympathique.
Coté casting, il faut reconnaitre que la seule qui retient l’attention c’est Loredana Cannata. Elle est vraiment magnifique dans ce film, à la fois séductrice pleine de charme et de malice, elle est une parfaite incarnation de la femme fatale. Charismatique, juste dans son jeu d’actrice, elle monopolise l’écran lors de ses apparitions, et réussit l’exploit de parler face caméra sans que cela paraissent choquant ou ridicule. Il n’est pas du tout étonnant qu’elle ait joué ensuite devant la caméra de Tinto Brass, lui qui a le don de s’entourer de jeunes femmes sublimes. Pour le reste c’est très en dessous, même si Arturo Paglia ne s’en tire pas mal, Cannata dominant largement le métrage.
Le scénario est un peu inégal. Il aborde des thématiques intéressantes, essaye de proposer réellement un film érotique avec un propos sérieux et intelligent. Par ailleurs il y a une certaine noirceur générale qui tranche avec le coté généralement comique ou humoristique du genre érotique, notamment proposé par Tinto Brass. Maintenant il faut reconnaitre que le film est assez longuet (il ne dure pourtant qu’1 heure 10 environ hors générique). Certaines scènes trainent en longueur, il y a des redondances, et par ailleurs le réalisateur ne semble qu’aborder superficiellement son sujet. Il aurait été intéressant que La Donna Lupo bénéficie d’une histoire vraiment étayée, et qui, quitte à sacrifier quelques passages érotiques aille plus loin de la définition du personnage principal. Par ailleurs le mode de narration pourra décontenancer un peu.
En matière de mise en scène il n’y a par contre rien à dire. Grimaldi livre un travail soigné, élégant. Il maitrise particulièrement le prologue et l’épilogue, mais dans le corps du film il y a d’excellents passages aussi. Il y a une vraie recherche artistique. La photographie est du même acabit, avec une belle variété de tons. Parfois elle n’hésite pas à offrir un style un peu rétro, avec une esthétique qui rappellera fortement les années 80 (à l’image de sa jaquette d’ailleurs), d’autres fois elle vire carrément au noir et blanc, lequel est légèrement bleuté, offrant une photographie particulière et très singulière à La Donna Lupo. Les décors pour leur part sont faibles. Limités souvent à des intérieurs, visiblement ce n’est pas un élément qui intéressé le réalisateur qui n’hésite pas même à plonger ses arrière-plans dans le noir. Coté érotisme le spectateur sera servi, mais il s’agit d’un érotisme classieux. Rien à voir avec du Tinto Brass. Quelques passages sont audacieux, notamment celui avec le serpent (crédité au générique d’ailleurs !) et donnent là aussi une réelle singularité à ce métrage. Enfin la bande son est excellente. Elle est minimaliste, avec du classique pour le générique, et uniquement des percussions pour quelques séquences du film, mais le rendu est marquant, car audacieux et finalement bien maitrisé.
La Donna Lupo n’est surement pas un film génial, mais dans le genre érotique je dois dire qu’il se défend. C’est clair que comme dans beaucoup de film du genre, le propos sous-jacent est un peu affadi et mis de coté, mais globalement je salue les qualités du film. Très bonne actrice principal, mise en scène très solide, belle photographie, érotisme soigné, musique à la hauteur, il y a d’évidents points positifs malgré tout. Je lui accorde un 3.5 mérité, car l’ensemble reste longuet, trop superficiel, et finalement assez vain.