Soit dit entre nous pour commencer, on parle là de grand divertissement. Peter Jackson est un maître en la matière et de ce point de vue là, le contrat est rempli. Mais pour rentrer dans les détails, on peut souligner plusieurs choses. Par rapport au premier volet, le réalisateur a définitivement choisi d'abandonner le côté naïf, enfantin humoristique dans ce deuxième volet. L'oscillation hésitante entre épique et humour du premier n'est plus et c'est mieux ainsi quand on voit à quel point certaines scènes censées être drôles dans le premier ne le sont pas du tout, voire même on touche au ridicule (la scènes des trolls). Ici, le ton est plus sombre et sérieux, mature par contre je ne sais pas. Certes, on trouve encore quelques touches d'humour mais bien plus parcimonieuses et subtiles. Ceci étant, les scènes de combat sont un régal visuel et l'ambiance est vraiment magnifique. Je pense notamment à Vertbois et les araignées, la cité des Elfes, le combat dans les tonneaux, la ville de Lac-Ville qui m'a particulièrement plu (le nom est affreux par contre) et le combat avec Smaug. Jackson arrive à bien enchaîner entre les différentes scènes plus ou moins rythmées et conserve un juste équilibre. Je note l'excellente bande-son d'Howard Shore qui a su se renouveler avec de nouveaux thèmes magnifiques (je pense à celui de la cité des Elfes et à Lac-Ville justement). Il abandonne le thème principal du premier opus et certes il conserve quelques thèmes communs à la trilogie précédente, mais j'ai été agréablement surpris. Pour les autres bons côtés, l'intrigue parallèle de Gandalf est superbement bien foutue et très très prenante, presque psychédélique, même si celle ci pose un vrai problème... Bilbo est toujours aussi attachant et Jackson s'intéresse déjà à l'emprise de l'anneau sur le hobbit ce qui est intéressant et bien jaugé. Pour en venir aux points négatifs, et ils sont monstrueux, on peut commencer par dire que le scénario est quasiment, une nouvelle fois, inexistant, noyé sous la débauche d'effets visuels et d'épique grandiloquent, ce qui est absolument normal quand on décide de couper un roman d'à peine trois cent pages en trois films de quasiment trois heures. De ce fait, Jackson rajoute des éléments et en fait traîner certains en longueur. Les Elfes par exemple n'y sont pas (autant que je me souvienne) et mêmes si voir Legolas fait plaisir et est clairement un gros gros clin d’œil au "Seigneur des Anneaux", est-il vraiment indispensable ? Quid de Tauriel ? Personnage inutile, si ce n'est rajouter une présence féminine, et il m'est avis que la pseudo histoire d'amour avec Killy est une très mauvaise idée, à voir... Mais pire encore, Peter Jackson se permet des ellipses ! Pire, pire encore ! l'intrigue de Gandalf avec le retour de Sauron qui, si la scène est splendide, pose un énorme problème (peut-être résolu dans le dernier volet ?) mais, comment se fait-il que Gandalf apprenant le retour de Sauron dès maintenant mette pratiquement soixante ans pour réagir ???? J’espère sincèrement qu'il y aura une explication à ce problème. Enfin, incohérence qui paraît presque minime après toutes ces invraisemblances, Smaug. Il est, c'est clair, magnifique, impressionnant, jouissif, tout ce que l'on veut, c'est un grand moment du film et une indéniable réussite, mais... pourquoi parle t-il ? On peut comprendre que lorsque Bilbo met l'anneau il entende parler les araignées et donc aussi Smaug, mais une fois enlevé Smaug continue de lui parler ! Incohérence monstre probablement seulement destinée à garder un certain rythme et rajouter quelques minutes (et accessoirement terminer sur une réplique vraiment classe : "Je suis le feu, je suis la mort.") En effet, que faire d'un dragon qui ne parle pas ? On s'essouffle vite si je puis me permettre. En bref, "La Désolation de Smaug" est d'emblée si on ne réfléchit pas, un film énorme, génial, mieux que le premier, mais une fois gratté en surface, on trouve des énormes problèmes qui nous font nous poser des questions. Pour moi on est finalement au même niveau qu'au premier, que j'ai assez apprécié dans l'ensemble. On attend le troisième avec impatience, il aura sûrement beaucoup de choses à nous révéler...ou pas.