M. Night Shyamalan n’est désormais plus le petit réalisateur de génie qui enfanta d’une petite poignée de films de génie à l’aube des années 2000. Je pense là notamment à Sixième sens, incassable, Signes ou encore le Village. Non, désormais le cinéaste d’origine indienne est devenu le metteur en scène de projets SF, les siens ou ceux des autres, ici Will Smith, sans l’attractivité que pouvaient avoir son sens du mystère, du paranormal ou de la science de l’écriture dont il faisant preuve jadis. Dans sa forme primaire, After Earth n’est pourtant pas un film désagréable, du fait d’une certaine recherche artistique, que l’on apprécie ou non. La beauté de certaines séquences extérieures vient évidemment renforcer l’aspect attractif d’un tel film, pourtant bien en déca de la norme actuelle en matière de Blockbuster estival.
Story by Will Smith. Par ce simple propos, l’on comprend l’implication très mitigée du cinéaste qui doit pourtant se battre pour redorer son blason après les échecs cuisants de ces trois derniers longs métrages. Agissant en tant que simple artisan de l’image, le réalisateur ne fait que suivre les caprices du père et fils Smith, Will et Jaden. Alors que dans le film, le père apprend tout à son fils, ce constat semble s’appliquer également au début de carrière du petit Jaden, star montante toujours appuyée par son banquable père, héroïque sauveur du monde dans bien des cas. L’occasion était ici trop belle pour Will Smith de ne pas laisser passer l’occasion de faire de son jeune fils la réelle star d’un film de SF estival. C’est finalement cet aspect peu ragoûtant, lorsqu’un film s’adresse à un public aussi large et peu amical à ces principes de popularité parachutée de générations en générations.
Passé sur l’objet de marketing qu’est en premier lieu After Earth, le public aura malheureusement l’impression de suivre un cours scientologue sur le sens de la vie, la doctrine de la maîtrise de soi, savoir vaincre sa peur. Dans toute sa froideur, à l’opposé de se bonhomie naturelle, Will Smith récite en version monologue un texte des plus fallacieux à son fils qui doit obéir mais qui finira bien entendu par se rebeller pour prendre son père par surprise, en bien. Le petit cadet devient dès lors, par l’apport d’un courage démesuré, l’ombre de son père, premier combattant humain à avoir sur vaincre sa peur. Tout est question ici d’élitisme, de connaître la formule en vue de devenir homme suprême, une mégalomanie scénaristique qui démontre que Will Smith est meilleur acteur que scénariste, pour son grand dam. Malgré tout, After Earth, film malgré tout plutôt acceptable, déverse un petit flot de bonnes idées narratives, matérielles ou visuelles.
C’est n’est donc pas l’heure pour M. Night Shyamalan de se refaire un nom un tant soit peu sérieux sur la planète Hollywood, mais bel et bien de filmer au service de sa star du moment et de son fils, ce deuxième faisant de son mieux pour parvenir à s’affranchir de son père, même si en l’état, la présence de celui-ci dans son dos est essentiel. Pour notre plus grand bien, je le répète, non pas que le film soit mauvais, tout ce beau monde a eu la bonne idée de ne pas produire un film à rallonge. Trop de sucre l’appétit, tout comme trop de discours scientologues peuvent couper littéralement la faim et l’envie d’en voir et savoir plus. Dommage donc que After Earth soit déconstruit de par son élitisme et l’objet de marketing dont il véhicule les propos. 08/20