Peter Segal batifole toujours du côté de l’humour et il revient avec une anecdote amusante, croisant deux figures emblématiques de la boxe. D’un côté du ring, nous avons une star du cinéma, Rocky Balboa, et de l’autre Jake LaMotta, combattant dont ses prouesses ont également été portées à l’écran. Le cross-over des deux personnages n’est pas ouvertement détaillé, mais l’on reconnait instinctivement ces bêtes qui ont vécu tant de choses sur le ring, de façon symbolique. Chacun à sa manière y a exprimé sa détermination et ses sentiments. Combattre pour soi ou combattre pour autrui ? Ce nouvel intrigue reprend les personnalités des antagonistes pour les remettre dans un bain nostalgique que le premier cinéphile venu aura la curiosité nécessaire pour s’y aventurer.
Dramatique au possible, lorsque la comédie n’interrompt pas son élan, l’intrigue installe des longueurs à nous désintéresser du fil rouge. Une revanche est en préparation, au nom de l’égo et de la famille. Le premier point abouti, mais le second bute sur le schéma de Rocky. On file rapidement à l’entrainement, tout en parodiant leurs aptitudes physiques du fait de leur âges avancés. On montre que la vieillesse n’est pas forcément un fléau et qu’elle se combat avec l’esprit, une mentalité de poings et de sueurs. On introduit alors Henry "Razor" Sharp (Sylvester Stallone), le gagnant pantouflard et Billy "The Kid" McDonnen (Robert De Niro), le perdant honorable. Chacun évoque la sagesse à travers leur expérience sur le ring et en dehors. On pèse en permanence le pour et le contre de leur intention dans ce « Match Retour », mais ce qui nous intéresse, c’est avant tout le choc de personnalité de la culture Américaine.
Hélas, la caricature ne cesse de faire défaut à la lecture d’un récit qui peine à convaincre. Il pèche alors dans les problèmes familiaux et sociaux afin que le drame justifie quelque chose. D’un autre côté, on se joue de l’humour liée au choc de générations pour faciliter le passage mélancolique. Il s’avère que ces notions ne sont pas miscibles et on assiste à un profond doute dans la mise en scène qui souhaite flirter avec l’hommage. Et bien que l’on tende à justifier une égalité parfaite entre les deux hommes, c’est Stallone malgré lui qui étouffe De Niro. Sous-performant dans leur personnages trop caricaturaux et bornés, la perspective d’évolution n’a d’autre but d’unifier les valeurs qu’ils défendent, à en devenir complémentaires. Il ne faudra pas se leurrer, l’intrigue reste plate sans toutefois malmener son écriture. On se laisse divertir dans un manque d’inspiration, à l’image du manager hyperactif Dante Slate Jr. (Kevin Hart), dont la présence justifie les transitions faciles et décomplexées.
Au final, « Match Retour » manque de consistance et puise dans l’humour pour convaincre. La reprise des gants est toujours discutable, mais à force de vouloir parodier la richesse du sport, le film hésite sur la nature de ses propos, partagés entre une pure comédie et un drame. Nous pouvons néanmoins être séduit d’assister à un affrontement de légendes, tout à fait improbable. Malgré l’effort, il convient d’instruire avec manière et le film tombe dans des clichés à en rejeter ses messages moraux. On décolle rarement dans cette aventure, restant superficielle et profitant davantage de son élégant casting que sur l’effet de surprise.