Voila que Rocky Balboa et Jake LaMotta remonte sur le ring, soit Sylvester Stallone, dont les six opus du boxeur de Philadelphie restent dans les mémoires, et Robert DeNiro, boxeur légendaire pour Martin Scorsese dans Raging Bull. A l’instar du personnage de Kevin Hart, la démarche du réalisateur, Peter Segal, et des producteurs, n’a finalement d’autre vocation que celle consistant à engendrer la monnaie. Nul doute, Match retour est un film commercial, axé sur les rentrées dues à la confrontation sur le ring de deux légendes du cinéma US, ayant tous deux incarnés des boxeurs à l’écran. Si Stallone possède sans conteste une expérience supplémentaire dans le domaine, DeNiro, quant à lui, porte sur ses épaules une filmographie tellement prestigieuse que l’on pourrait même lui demander de jouer les danseurs étoiles. Les deux vedettes sont les piliers de la comédie de Peter Segal, spécialiste du genre, mais sont accompagnés notamment d’Alan Arkin, impeccablement drôle, de Kim Basinger, d’une platitude légendaire et de Jon Bernthal, star en devenir.
Alors qu’il est maladroit d’un point de vue technique, la mise en scène de Segal étant grossièrement celle d’un amateur, la preuve en est d’un combat final d’un très sincère manque de punch, de nombreux arrières plans en CGI injustifiés et j’en passe, Match retour possède une touche comique indéniablement attirante. Se jouant de leurs statures respectives avec plus ou moins d’autodérision, les acteurs du moment y croient, s’amusent à jouer les durs qu’ils furent un temps, se moquant l’un de l’autre, le tout débouchant sur quelques répliques franchement tordantes. Le vieux Alan Arkin, finalement pas vraiment plus âgé que les deux autres, est le clou du spectacle comique puisqu’il incarne ici le vieillard aigri mais enjoué dans toute sa splendeur. Pour les amateurs de Kevin Black, mélange de Chris Rock et d’Eddy Murphy alimenté par Duracel, seuls les vrais aficionados de l’humour lourdaud apprécieront, mais c’est là une volonté d’élargir les horizons comiques tout à fait honorable.
Mais finalement, et c’est là l’enjeu principal du film, ce qui nous intéresse et qui tarde à venir, c’est bien la combat final entre les deux gonzes. Tout est fait pour alimenter le buzz autour du combat des vétérans. Tant et si bien que les rounds opposants Rocky et LaMotta sont, c’est le moins que l’on puisse dire, attendus au tournant. Dès le premier coup donné, l’on acquiert cependant la certitude que le combat sera décevant, non seulement d’un point de vue qualité technique mais aussi dans son déroulement. A force de ne vouloir froncé personne, Hollywood et la production lambda tombent tellement souvent dans les travers de la niaiserie que l’échec du final de Match retour n’est pas surprenant. Du coup, le plus aguéri et humble des deux lascars gagne le match, d’un point ou deux sur une centaine, faut pas exagérer, et l’autre trouve enfin la paix intérieur en ayant été bon avec son adversaire de toujours. Là, honnêtement, ça dégueule de bons sentiments naïf.
Bref, voilà une comédie qui vaut son petit pesant de cacahuètes, surtout pour les nostalgiques. Oui, faut avouer que Stallone boxant avec Robert DeNiro, le tout dans un film léger et plutôt drôle, c’est attirant. S’il est décevant, Match retour n’en reste pas moins un succès commercial, nuancé, certes, mais un succès tout de même. Comme je le dis tout le temps, c’est pas encore pour cette fois que Stallone ou encore DeNiro ne retrouvent le sommet de leurs arts, mais on espère toujours. 08/20