A force, l’on avait presque complètement oublié les trublions préférés des productions MTV, la troupe de bras cassés de Jackass et son leader, Johnny Knoxville. C’est donc sous la forme d’un retour fracassant que l’on retrouve la marque déposée, sous l’égide de notamment Spike Jonze, oscar du meilleur scénario 2013, je vous rassure, pas pour le cas qui nous occupe. Bref, Johnny Knoxville, affublé d’un maquillage pour le moins bien fichu, parcours le Midwest dans la peau d’un papy de 80 ans passé, accompagné de son prétendu petit fils d’une petite dizaine d’années. Tout est dès lors prétexte à enchaîner les situations cocasses, délirantes et malhonnêtes. Soyons certains qu’en parlant d’humour, ce n’est pas ici le fleuron du bon goût qui se caractérise, cul, bite, couille étant le crédo du joyeux luron costumés que l’on ne lâche pas d’une semelle.
Si le concept semble pour autant fonctionner, spasmodiquement du fait que certaines séquences peuvent s’avérer très drôles, c’est sans aucun doute possible en raison de l’étonnement que l’on pourra lire sur la tête des péquins moyens tombés dans les pièges tendus par le production. En somme, Bad Grandpa ne fonctionne uniquement que comme un ensemble de caméras cachées plutôt culottées, ni plus ni moins. Si certaines pirouettes comiques sont bienvenues, surtout lorsque papy se vautre violemment, une bonne partie des réparties saillantes du vieillard de substitution tombent à l’eau. Oui, à force d’user des termes mamelons, sauteries et culbutes, la dernière production des Jackass devient aussi lourde à porter qu’une bannière en l’honneur du surpoids.
Second degré oblige, l’idées de base est pourtant plutôt sympathique. Il suffit, ce qui n’est pas pour autant simple, de ne pas voir Bad Grandpa comme un long métrage digne de ce nom, mais simplement comme un show comique américain qui possède ses bons et mauvais cotés. Johnny Knoxville est un artisan incontestablement doué à ce petit jeu là, ne crachant sur aucune initiative permettant d’en faire toujours plus. Si les gamelles ne sont pas ici le pignon de la production, à l’inverse de l’univers Jackass en général, le comédien déguisé en risque autant, semble-t-il, à provoquer gang de motards et autres jury de concours de mini miss. Soyons au moins certain que le but de la démarche était d’égratigner toute la basse culture américaine, l’Amérique profonde en somme.
Peu surprenant, peu drôle, finalement, à quelques exceptions près, la dernière prestation de Johnny Knoxville et sa bande se laisse voir sans autre forme de procès. Après, il convient d’admettre que l’on est public de ce genre de délire, ou que l’on ne le soit pas. Un camp à choisir mais rien n’empêche pour autant d’essayer d’en rire, rien que pour jauger son niveau d’humour. Débile mais parfois touchant tant la démarche se démarque de la nasse, remercions au moins les comédiens, même si l’on adhère pas toujours à leurs frasques, de se ficher de la bonne morale. L’Amérique aime ça, semble-t-il. 07/20