Rappelez-vous, il y a un peu plus de trois ans maintenant, Johnny Knoxville et sa bande de potes d’enfance , plus connus sous le très célèbre nom de Jackass, débarquaient pour la première fois sur les écrans de cinéma avec Jackass 3D, une des comédies, et une des séances (salle pleine qui rit aux éclats), les plus drôles que j’ai vu. Jackass c’est un humour assez spécial, très axé sur l’entrejambe, sur les gerbis, et avec des délires scatophiles parfois un peu douteux, mais si on y adhère, c’est des crises de rires assurées. Si je parle de Jackass en introduction, c’est parce que c’est de là qu’est né ce gros papi dégueulasse et pervers, qui permettait à l’équipe de continuer ses sketchs en caméra cachée dans la rue, sans risque d’être reconnue à cause de l’immense célébrité rencontrée par le groupe suite à leur nombreux succès. Et au début, ce projet de Bad Grandpa était loin de m’emballer, étant donné que les sketchs avec les vieux étaient les sketchs les moins drôles de l’univers Jackass. L’idée était drôle, mais elle manquait de finition, de pas mal d’humour, et surtout, les personnages étaient détestables. Mais, force est de constater qu’ici tout a bien changé. Car finalement, ce qui manquait au personnage d’Irvin Zisman, campé par un Johnny Knoxville infatigable, un acteur que j’apprécie énormément d’ailleurs, c’était un background qui lui donnait plus de consistance. Et pour ne pas se contenter de quelque chose d’aussi simple qu’une histoire, Bad GrandPa possède un concept assez intéressant, que j’étais assez content de pouvoir découvrir en salles. Pour donner plus d’ampleur à sa petite et mignonne histoire du vieux croûton qui se retrouve coincé, après la mort de sa femme, avec son petit fils qu’il doit trimbaler dans tout le pays, jusqu’à chez son père, la grande idée du film, c’est de mélanger une partie fictive, scénarisée et mise en scène, avec des sketchs en caméra cachée. Le rendu final est plus qu’hilarant, puisqu’on y retrouve encore et toujours cet humour propre à Jackass, même si la bande est réduite ici à Knoxville, Tremaine et Spike Jonze, et offre de jolies scènes touchantes, qui puisent leur émotion en jouant beaucoup sur le réalisme de la partie non simulée du film. Ainsi, le grand-père a beau être détestable, le background est là pour nous rappeler que finalement, on y est attaché à ce bougre. Mais la bonne petite surprise du film, c’est le personnage du petit-fils Billy, campé par le jeune acteur de 8 ans Jackson Nicoll, que l’on a pu apercevoir pour la première fois dans le Fighter de David O. Russell. Le petit se prête au jeu avec une volonté de fer, qui apporte beaucoup à l’histoire et à son côté attachant, se mélangeant à la complicité évidente entre lui et Knoxville, pour un résultat plus que convaincant, et crédible. Un mignon petit duo qui rote, pète, et boit de la bière, mais un duo qui dégage une bonne force comique, et que l’on prend plaisir à suivre dans ce périple au travers des Etats-Unis. Et c’est là qu’on va attaquer un point sensible de l’oeuvre, ce périple justement. En effet, Bad GrandPa est une parodie plus ou moins assumée de Little Miss Sunshine, reprenant les gros moments forts de l’oeuvre de Jonathan Dayton et Valerie Faris (le voyage au travers des Etats-Unis, le cadavre dans la voiture, et le concours de Mini-Miss), et les reproduisant dans les sketchs en caméra cachée. C’est certes vraiment très drôle, surtout lorsqu’on assiste aux réactions réelles des gens face aux événements improbables desquels ils sont victimes, mais le sentiment d’un léger manque d’originalité vient alors freiner un peu l’ensemble dans son envol. Bad GrandPa est donc une très bonne surprise, forte d’un concept original bien utilisé qui puise dans ses scènes réelles en caméra cachée, pour renforcer la partie fictive de son histoire. L’humour y est omniprésent, et efficace, si bien sûr on y est sensible, car encore une fois, l’humour Jackass, qu’il soit dérivé ou non de l’émission d’origine, est assez spécial et très gras, donc, autant savoir ce dans quoi on va se lancer et à quel genre de blagues on va assister. Et enfin, si Bad GrandPa mérite que l’on s’y intéresse, ne serait-ce qu’un tout petit peu, c’est parce que contrairement aux épisodes Jackass, il y a ici un peu de cinéma à apprécier, notamment au niveau des maquillages qui sont d’un réalisme et d’une finition assez époustouflants, et une volonté de raconter une histoire, bien que celle-ci se repose un peu trop sur l’oeuvre dont elle s’inspire. Si vous avez envie d’une bonne tranche de rire, alors c’est le film qu’il vous faut. Et en bonus durant le générique de fin, comme dans chaque film de Tremaine, vous aurez la joie de découvrir des minis-séquences coupées, et la réaction des gens piégés lorsqu’ils apprennent qu’ils étaient filmés, presque aussi drôles que le film en lui-même.