Critique totalement visionnaire de la télé-réalité, The Truman Show est aujourd'hui tout simplement culte. Et pour cause, en dépit de ses imperfections, il bénéficie du génial scénario du très bon Andrew Niccol, et de sa grande richesse thématique. A travers la vie de cet homme victime d'une machination inimaginable et sujet d'une expérience de télé-réalité dans un Monde factice depuis le berceau, se déroulent des questionnements sur un grand nombre de pans de la société. Y passe notre voyeurisme naturel, le mépris quasi-gratuit (pour le simple divertissement) d'autrui et de sa sensibilité, l'amour du fantoche, la consommation de masse et l'uniformisation dans la médiocrité (...). Ainsi bien sûr, par le biais cette fois du personnage de Truman Burbanks et non du système qui l'exploite, qu'un questionnement parallèle sur la réalité des vies que nous menons, des liens que nous tissons. Appréciable. Si Niccol est le réel dépositaire du film, n'oublions tout de même pas la personnalité qu'y greffe aussi Peter Weir, réalisateur sérieux et respectable, dont le parti pris orienté vers l'humour fait rire, certes (ça tombe bien), mais instaure aussi un sentiment de gêne, sympathique mais trop embryonnaire. Pourtant, Weir se rend la partie facile en optant vers une mise en scène débridée, qui calque souvent la stupidité du jeu tv imaginé pour mieux la dépasser. De plus, quoi de plus facile alors que de brouiller les cartes en mélangeant des séquences faisant partie du jeu et des plans dont on comprend qu'il sont bien davantage une vue externe. Malheureusement, le petit jeu de piste est là aussi très superficiel et on imagine assez vite le parcours de Burbanks, qu'un happy-end contestable vient clore - presque comme prévu. Et puis, pour continuer sur les défauts et au risque de ma faire lyncher ; Jim Carrey ça ne passe pas, mais alors pas du tout. Son jeu, heureusement moins forcé que quand il joue de la comédie pure, l'est encore beaucoup trop. Un peu comme si le mec, quoi qu'il fasse, était un niveau au-dessus de la zone de jeu préférable. Ed Harris, en revanche, est un des meilleurs acteurs de second rôles que j'ai vu ces dernières décennies. Le voir évoluer est toujours, sans exception aucune, un plaisir. Bref, je m'attendais à mieux, à plus percutant. Mais l'idée de départ, à elle seule, garantit quand même un bon film, et le scénario se déroule vraiment avec intelligence. Une satire sacrément efficace, avant d'être culte et à défaut de m'avoir été jouissive.