Parfait, un film comme on n’en fait plus. Pas grand-chose à redire franchement, même en le revoyant pour la 3ème fois je ne m’en lasse pas, et je trouve de nouveaux axes de réflexion lancés par le film. Ne sommes nous pas tous un peu prisonniers d’un scénario dans notre quotidien, ou spectateurs assidus de celui des autres ? Pour ma part, s’il y a une œuvre à retenir de Jim Carrey c’est celle-ci, pas au niveau de l’humour certes, mais dans son jeu, dans l’histoire, et dans sa réussite finale. L’américain oscille souvent entre comédies et long métrages plus sérieux. C’est dans cette seconde catégorie qu’on le retrouve ici, suivront des Eternal sunshine of the spotless mind, Man on the moon, I love you Philippe Morris, etc mais que je trouve en deçà.
Parler des dérives de la télé réalité, avant que celle-ci n’arrive vraiment sur écran c’est fort, le fait que finalement ce qui est montré arrive vraiment maintenant, c’est digne de Nostradamus, mais peu réjouissant. Notons qu’un bébé est vraiment né dans une real tv d’enfermement, oui dans notre monde actuel. Ce récit dans l’histoire est formidablement orchestré, on a les réponses aux questions qu’on se pose, ce n’est pas toujours clair mais en attendant un peu on comprend, ce qui s’annonçait casse gueule pour la réalisation. Après quand on sait que le réalisateur est Peter Weir, celui qui a mit à l’écran « le cercle des poètes disparus », pas étonnant de se retrouver devant un film bien fait et intelligent (pas intellectuel hein ?). La fiction est donc novatrice, incroyable, engagée, immersive, atypique, intéressante et bien racontée. La trame est plus classique, néanmoins elle ne dérange pas car, même après de multiples visionnages, on n’y prête pas attention. Enfin, tout n’est pas pré mâché, sans un minimum d’effort de réflexion on passe à côté de pas mal de choses. Toutefois, un espace est laissé à l’interprétation de certains faits passés sous silence tels :
la vie des acteurs en dehors du show, la portée de l’opposition au show, les scénarios proposés (retour du père, amour arrangé), la naissance de Truman et les conséquences pour ses vrais parents...
Cela peut faire un peu Matrix avec ce monde dans le monde, mais là c’est bien mieux fait, et beaucoup moins alambiqué, donc moins compliqué.
La prestation de Jim Carrey est éblouissante, et je ne le dis pas souvent. A partir de là sa légitimité grimpe et il pourra enchaîner les œuvres plus intelligentes si l’on peut dire. En effet, même s’il évolue dans un registre qu’on ne lui connaissait pas, il s’en sort merveilleusement bien. Pour preuve un Golden Globe, et pendant le générique de fin, essayez de trouver un acteur qui le remplacerait avantageusement… Voilà, il faut avouer que son jeu lui permet pas mal de choses, mais quand il arrive à mettre ses capacités de mime, de grimaces, de fou capable des pires excentricités avant de se calmer, et autres facéties qui n’appartiennent qu’à lui, au service de son personnage il est sans égal. S’il réussit aussi bien c’est que le cadre est rigide, aussi travaillé que le Truman show, tout en permettant l’extravagance. On s’identifie mieux à car à sa place
on pèterait les plombs aussi.
Notons également que c’est bien réaliste, et les dialogues sont dans la même veine.
Que rajouter ? Que les seconds rôles sont tout aussi réussis ? De Laura Linney à Ed Harris en passant par Natascha McElhone ? Bien sur. Que la musique est nickel (des classiques du classique), comme dans le show, au point qu’on se demande si ce n’est pas encore ce bon vieux Christof qui tient les commandes ? Oui. Que l’analogie avec Dieu est super bien faite ? Divinement oui (et sans blasphème). Que les décors font carton pâte mais que là aussi cela permet de se fondre mieux dans le show ? Là encore oui on se rend compte de l’ambivalence que cela provoque. Que la caricature et la dénonciation sont aussi présentes que dans un « Edward aux mains d’argent » (d’ailleurs les quartiers sont très similaires), voir même plus ? Ben oui. Que perso je ne vois pas de longueurs, que le rythme se tient très bien du début à la fin, et qu’on ne s’emmerde pas une minute ? Là encore on peut le dire. Un défaut ? Selon moi, on ne montre pas assez le marketing, la pub l’aliénation de masse fait autour du programme. Enfin que pour une comédie il n’y a pas tant d’humour que ça, mais que pour un film sérieux et vu le sujet, arriver à glisser quelques traits humoristiques sans que cela froisse est un vrai tour de force ? Ouep, force est d’avouer que The Truman Show est une réussite complète et un modèle. Cela dénonce mais en avons-nous tiré des leçons ? Notre morale est-elle encore morale (futur sujet du bac philo surement) ?