Vu une fois seulement. Mais il y a des films qui vous restent en mémoire par leur beauté fulgurante, porté par le même regard que lorsque l'on est ému par un tableau de maître. Farrebique fait parti de ceux là. Dans l'histoire du cinéma français, peu de cinéastes ont eu une véritable exigence esthétique dans la composition de leur plans (cadrage, décors, photo). Si Max Ophüls, surtout avec "Le Plaisir". Quelques Renoir, Clément-"Plein Soleil", Cocteau et Melville pour les plus anciens, Tavernier-ses films "historiques"-, Audiard et Raymond Depardon, pour le côté documentaire.
D'ailleurs, il y a une filiation certaine entre ce documentaire et les "Profils paysans" de Depardon: le milieu agricole, leur vie, leur quotidien, le soin apporté à l'image, sa beauté et son authenticité. L'angle diffère.
Georges Rouquier, avec exigence d'authenticité, filme le quotidien de la vie d'une ferme, saisons après saisons. Le regard porté sur la magnificence des cycles de la nature est époustouflant. Souvent, la caméra se pose là et on sent le temps qui passe, comme suspendu.
On peut lui reprocher d'avoir utiliser l'argument de l'authentique et du réel, alors qu'on se rend compte très vite, qu'il s'agit plus d'un docu-fiction, avec de vrais agriculteurs, certes, mais qui a une véritable structure scénarisé avec direction des comédiens non professionnels.
Pour ma part, cela nuit absolument pas au film. Sauf que ce documentaire a été pensé comme un film d'auteur et non comme un véritable documentaire.
C'est surtout, pour la mémoire, un témoignage essentiel et très important d'un monde paysan dont il reste des vestiges rares et parsemés, car aujourd'hui moribond-cf aux docs de Raymond Depardon. Toutefois dans "Farrebique" on sent poindre une angoisse du futur, dû à l'arrivée de la technologie dans les champs. Cela marque un contraste entre ce qui est encore- et que Rouquier idéalise, et ce qui va bientôt radicalement changer. Le message ne serait-il pas un message "écologique" prémonitoire?