Chant d'amour (et d'humour) à l'enfance de Waititi... Boy, ou la mise en abime de Taika Waititi, intime, sincère, tendre et toujours drôle. Tourné dans les paysages où il a grandi et en s'inspirant fortement de sa propre enfance, on sent tout l'amour du réalisateur pour son pays, la Nouvelle-Zélande, qui parvient à magnifier le quotidien miséreux de bon nombre d'habitants sur l'île : enfants délaissés, animaux qui vadrouillent, criminalité, drogue et alcool.. Mais pas question de tomber dans le drame social larmoyant, car il ne faut pas oublier à qui nous avons affaires : Taika Waititi, soit le réalisateur qui a certainement le plus d'humour "j'en-fiche" de notre époque (il a interprété un Hitler qui saute partout, quand même...). Nous suivons donc Boy, un jeune garçon orphelin qui élève toute une fratrie, admire Michael Jackson et qui aime imaginer que son père disparu est un héros, qu'il idolâtre dans ses moments de tristesse, jusqu'au jour où ce dernier revient...et s'avère être un sale égoïste. Boy ne comprend pas la toxicité de cet homme et lui trouve toutes les excuses possibles, mais lorsqu'il dépasse les bornes (
en refusant qu'il l'appelle "Papa", en tuant sa chèvre-amie, en devenant violent et menteur, en montrant clairement que la drogue vaut plus que ses enfants.
..) il s'émancipe et défend sa famille comme un père, un vrai. En plus de comprendre toute la portée symbolique de l’œuvre (un plat de résistance copieux pour nos neurones), Boy s'empare de la vision innocente de l'enfance pour nous faire souvent fondre comme neige au soleil, entre le petit frère qui se croit responsable de la mort en couche de sa mère et s'invente des super-pouvoirs (mignonnes séquences dessinées à la va-vite), les clips de Michael Jackson qui sont détournés (restez pour le générique ! Thriller en version haka et chant maori, cela vaut le détour à lui seul), la vision de ce père oscillant entre égoïsme et incompétence très bien joué par un Waititi impeccable... On sent déjà poindre dans ce rôle du père "meilleur ami toxique" le futur Hitler de Jojo Rabbit, mais ici avec une spontanéité qui en dit long sur l'investissement de son interprète-réalisateur. Le jeune acteur qui joue Boy est également impeccable, surtout lorsqu'il s'appuie sur les dialogues plein d'humour bon enfant et les scènes de délire innocent. Un chant d'amour (et d'humour) à la famille, au peuple maori, et à l'enfance.