Une suite près de quarante ans après l’original, était-ce bien raisonnable et nécessaire ? Celle d’un film culte pour toute une génération qui plus est, en l’occurrence celle de « Top Gun », le film qui a définitivement lancé la carrière de Tom Cruise et l’a placé au rang de superstar. Une place qui ne s’est jamais démentie à Hollywood et surtout qu’il est l’un des seuls à pouvoir se targuer de garder. En effet, vous en connaissez encore beaucoup des acteurs stars capables de rameuter le public sur leur seul nom encore aujourd’hui? Hormis Leonardo Di Caprio, beaucoup plus jeune, et, à moindre mesure Brad Pitt, il n’en reste quasiment plus, c’est une espèce en voie d’extinction. Et l’acteur qui vient de fêter ses soixante ans est en plus connu pour faire ses propres cascades qui repoussent l’entendement comme on le verra encore dans les deux prochains « Mission : impossible », sa saga à lui. Faire une suite à « Top Gun » pouvait donc sembler comme une évidence au final, celle qui clôt un chapitre et quarante ans d’une prestigieuse carrière, une sorte de happening... Après tout, Denis Villeneuve l’a bien fait avec l’immense « Blade Runner 2049 ». Mais ici, on est dans du pur blockbuster, millimétré à l’excès, le vrai retour au film popcorn généreux des années 90 avec la technologie d’aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant de retrouver à la production Jerry Bruckeimer, le pape de ce genre disparu (« Armageddon », « Les Ailes de l’enfer », ...).
Ce « Top Gun : Maverick » est un bon divertissement, on ne peut le nier. Chaque aspect du film est fait pour faire plaisir aussi bien aux fans nostalgiques du premier qu’aux néophytes avides de sensations fortes. L’histoire, qui voit Maverick devoir former une équipe de têtes brûlées pour une mission presque impossible, est logique et judicieuse. Surtout que pour ajouter du liant et de la densité dramatique à ce postulat classique, l’un de ces jeunes est le fils de son défunt co-équipier, qui lui attribue la faute du décès de son père. Sur deux heures, le film déroule donc son petit script plutôt programmatique entre nostalgie et modernisme, entre retrouvailles et nouveaux venus, tout cela dans un décorum qui rappelle au bon souvenir des grosses productions d’antan mais avec une image ultra stylisée du meilleur effet. Et quand résonne les notes de musique phares du premier, impossible de ne pas avoir quelques frissons... Quant à la séquence finale, elle tient ses promesses, les combats aériens étant impressionnants et la tension au rendez-vous. Après « Oblivion », déjà avec Cruise, Joseph Kosinski prouve qu’il est un professionnel de l’action aérienne et en grand angle!
Il y a une foultitude de passage obligés, il y a les clins d’œil presque forcés et il y a quelques séquences hautement prévisibles mais « Top Gun : Maverick » évite la redite ou le sentiment d’être un film inutile. Et cela grâce au progrès des effets spéciaux d’abord, mais aussi parce que cette suite tardive semble mettre un terme à tout un pan d’un certain cinéma moribond et enfin parce qu’elle semble clore le chapitre d’une vie pour un acteur décidément hors du commun. Qu’on l’aime ou pas, Cruise sait jouer et il le prouve encore une fois ici. Et son charisme, commun à nul autre, fonctionne une nouvelle fois à plein régime. Les jeunes acteurs peinent à rivaliser, notamment Miles Teller qui s’avère presque une erreur de casting. Ce sont les seconds rôles plus âgés qui attirent l’attention, d’une Jennifer Connely dans une prestation moins potiche que prévu, d’un Ed Harris venu grogner avec plaisir bien secondé par un Jon Hamm parfait en supérieur sévère et enfin et surtout de l’apparition émouvante d’un Val Kilmer malade (comme dans la vraie vie). En somme ici, rien de révolutionnaire mais un joli pont entre quarante ans de cinéma d’action et surtout deux époques bien différentes que ce soit au niveau des valeurs, de la technologie ou du monde qui nous entoure. Comme un hommage modernisé au cinéma d’action hollywoodien d’antan...
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