Il y a des années, des gens comme Cecil B. DeMille, William Wyler ou Anthony Mann, faisaient du cinéma à grand spectacle. Mais vraiment du cinéma, en gérant des milliers de figurants dans des décors grandioses. Ce qu'a fait ici Luc Besson n'est pas du cinéma à grand spectacle, c'est un excellent usage du numérique et du fond vert, mais en aucun cas du cinéma. Et encore, si cela était le seul problème... En réalité, l'inconvénient majeur de ce film est qu'il n'est que très peu crédible : comment Lucy, après avoir reçu la drogue dans son corps et révélé une partie de son cerveau, sait-elle manier des armes, se battre à la perfection ? Comment peut-elle envoyer les flingues des policiers se coller au plafond ou tous les mettre à terre ? Besson a créé, sous des devants de film scientifique high-tech un super-héros en réalité, mais il ne l'assume pas. Or, on y croit dans Iron man ou Spider Man, ici non, car l'histoire est trop peu crédible. Qu'elle libère une partie non utilisée de son cerveau d'accord, à la rigueur (comme par hasard grâce à la drogue, prions pour que cela ne soit pas mal interprété et que certains sots n'aillent pas sniffer n'importe quoi pour libérer leur cerveau !) mais que Lucy contrecarre les lois de la physique dans un film qui se veut scientifiquement crédible, non !Ensuite, le côté moraliste et symboliste de Besson est lourd et peu pertinent : au moment où Lucy va se faire attraper, montrer en montage en parallèle une antilope se faisant pister par un lion est quand même un peu gros. De même pour l'utilisation du pauvre Morgan Freeman, qui pour la première heure ne sert qu'à faire la voix off d'un documentaire en lien avec la trame principale... Que c'est niais... Mais le comble du ridicule est à la fin, au moment de la rencontre entre les deux Lucy, les deux doigts, Michel-Ange, la chapelle Sixtine évidemment, que c'est grotesque.Et enfin, le côté scientifique théoriquement bien tissé, que d'erreurs : on utilise bien plus que 10 % de notre cerveau ; dans son voyage vers le passé, comment est-ce possible que Lucy rencontre les dinosaures avant les hommes préhistoriques ? En plus d'être niais et ridicule, cela en devient stupide.Bref, plutôt que de s'essayer en métaphysicien, Luc Besson devrait refaire du vrai cinéma : filmer de VRAIES poursuites en voitures au lieu de le faire en numérique, écrire de bons scénarios, et surtout prendre son temps, car 1 h 30 reste trop court pour un film pareil. J'espère pouvoir lui faire confiance sur ces derniers points.Un des seuls points du film qui m'ait amusés est la rencontre insolite entre Choi Min-Sink (Old Boy) et Morgan Freeman. Bref, un bien petit 1,5 pour ce Lucy sans grande saveur.