Réalisé par Luc Besson, son nouveau film intitulé Lucy est le succès inattendu de l’été pour un film français sur les sols américain et français. Le réalisateur de Nikita et de Léon revient à la science-fiction après son cultissime Cinquième Elément sorti en 1997 avec ce qui est son film le plus ambitieux de sa filmographie où Scarlett Johansson joue les héroïnes vengeresse badass. Lucy est une jeune étudiante normale de 25 ans qui vie à Taipei à Taïwan. Mais le jour où elle est prise dans un guet-apens par la mafia coréenne, elle est contrainte de faire la « mule » pour des trafiquants de drogue qui insèrent dans son ventre un paquet de poudre bleue, produit de synthèse expérimental, le CPH4. Mais la drogue présente dans son ventre va se rependre dans son organisme et lui procurer des pouvoirs psychiques. Lucy va alors « coloniser » son cerveau et acquérir des pouvoirs illimités. Après des années peu glorieuses, Luc Besson, le plus américain des réalisateurs français, revient avec un nouveau film de science-fiction très ambitieux intitulé Lucy. Le réalisateur du Grand Bleu et de Léon revient à la science-fiction, dix sept ans après Le Cinquième Elément avec Bruce Willis et Milla Jovovich, sans doute l’une de ses plus grandes réussites, délirante, cool et explosive, qui lui avait valu le César du Meilleur réalisateur en 1998. Après un impressionnant démarrage aux Etats-Unis, 44 millions de dollars lors de son premier week-end d’exploitation, on était en droit d’en attendre un peu plus de Lucy, ce mystérieux film de science-fiction signé Luc Besson. Malgré des critiques peu élogieuses, le film est un carton en France avec déjà presque deux millions d’entrées, ce que je trouve assez surprenant. A croire que Luc Besson a gardé une certaine popularité quand il fait de la science-fiction et des films estivaux. Et je doit dire que même en n’ayant pas vraiment regarder de bandes-annonces ou attendu le film avec une grande impatience, j’ai tout simplement adoré ! Je suis moi-même surpris d’avoir autant aimé ce film qui se fait quand même pas mal descendre par les spectateurs. Le fait de ne pas avoir vu de bandes-annonces, une ou deux fois en fait, je ne savais pas trop a quoi m’attendre devant Lucy même en ayant la connaissance du synopsis et de quelques détails du film. Ce fut donc une surprise quasi-totale pour moi, et je peux maintenant dire que j’adore la sensation de découverte d’un film au cinéma dont on ne sait quasiment rien. D’abord il faut savoir que l’idée est née dans l’esprit de Luc Besson il y a presque dix ans où il s’est pris de passion pour le sujet tournant autour de l’étude du cerveau humain. C’est donc en 2010 qu’il annonce vouloir réaliser un nouveau film de science-fiction, juste après avoir vu les immenses progrès des effets spéciaux avec la sortie d’Avatar de James Cameron en 2009. Il se concentre sur d’autre projets comme Malavita, avant d’aller se lancer dans le tournage de son nouveau film de SF. Après des rumeurs sur lesquels Angelina Jolie serait en négociations pour le rôle titre, c’est finalement Scarlett Johansson qui l’obtient en avril 2013. Le tournage de ce qui sera la plus grosse production du studio EuropaCorp commence en septembre 2013 pour un budget de plus de 40 millions de dollars. Après quelques problèmes de tournage, notamment à Taipei, capitale de Taïwan, où des paparazzis perturbent le tournage, le film est mit en boîte, fin près pour une sortie pendant l’été 2014, mais avant, il fera l’ouverture de la 67ème édition du Festival du Film de Locarno. Le film étant sorti depuis le 6 août 2014, il est actuellement le plus gros succès de Luc Besson aux Etats-Unis avec un total de plus de 102 millions de dollars de recettes, pour le moment, confirmant ainsi sa popularité à l’étranger. Alors entrons dans les détails désormais. Je pense qu’avec Lucy, c’est soit on aime ou on n’aime pas. Luc Besson réalise ici son film le plus ambitieux depuis Jeanne d’Arc en 1999. Et en effet car, pour réaliser Lucy, le cinéaste français dit s’être inspiré de trois films : son film culte Léon sorti en 1994, le chef-d’œuvre Inception de Christopher Nolan sorti en 2010 et enfin le chef-d’œuvre métaphysique et spatial de Stanley Kubrick, j’ai nommé, 2001 : l’Odyssée de l’Espace sorti en 1968. Autant dire que Besson vise haut, même très haut, en disant s’inspirer de ces grands films. Car Lucy est un film de science-fiction sérieux qui reprend les styles de Stanley Kubrick pour ses côtés métaphysiques et philosophiques ainsi que de Terrence Malick pour le côté cosmique. Ce sont peut-être les raisons pour lesquelles le film n’a pas plu à une majeur partie du public français. Alors bien évidemment le film est moins complexe et prise de tête que 2001 : L’Odyssée de l’Espace, mais on sent que Besson s’en est fortement inspiré puisque le film s’ouvre comme chez Stanley Kubrick, à l’aube de l’humanité où la vie commençait à se propager, et ici sur le premier australopithèque de sexe féminin découvert quasiment dans son intégralité en 1974 et que tout le monde connaît sous le nom de Lucy. Dés le début, Luc Besson montre ses folles ambitions de science-fiction. Et le film passe de nos jours, sous le son de la voix off de Scarlett Johansson. Et je dois avouer que la première partie du film, qui s’arrête en gros quand Lucy décide de quitter Taipei pour Paris, est vraiment géniale. J’ai prit mon pied tout simplement. Le film commence comme un thriller, un début comme Léon en fait, sur des trafiquants de drogue qui enlèvent des jeunes femmes pour faire ce qu’on appelle les « mules ». Et là Luc Besson nous emporte où le montage mêle les plans du film à des plans d’un documentaire animalier, c’est une trouvaille que j’ai vraiment apprécié. Le fait de comparer Lucy, une étudiante naïve, à une gazelle qui s’apprête à se faire pourchasser par des léopards, évocation animale des mafieux coréens, c’est brillantissime je trouve et cela permet au film de se créer un style. Et juste avant, quand Lucy arrive pour voir son ami, un plan d’une souris se dirigeant sur une tapette, vient nous indiquer que notre héroïne vient de tomber dans la gueule du loup. Un détails de réalisation qui m’a vraiment fait aimer ce début de film. Et ensuite place à des scènes de tensions et de suspenses, toujours agrémentées d’un petite touche d’humour signé Luc Besson, quand Lucy rencontre le chef de la mafia coréenne, Monsieur Jang, un homme élégant mais très violent. Et l’apothéose de cette première partie, je l’ai trouvé dans la scène où Lucy, une fois que la drogue s’est rependue dans son corps, retourne dans le repère de Mr. Jang afin de se venger, armée de deux pistolet silencieux, filmée au ralentit et sous le son du Requiem de Mozart. Une scène qui m’a fasciné tant elle était sublime et puissante, cette première partie de Lucy m’a complètement emporté dans le délire de Luc Besson qui mêle film d’action et film de science-fiction. Après la deuxième partie est très bonne mais un peu en dessous de la première je trouve. Parmi les scènes d’action on retrouve les cascades de la saga Taxi avec les voitures de police qui s’encastrent les unes sur les autres mais seulement lors d’une courte scène, des fusillades violente à la Léon, mais du point de vue de l’action le film très réussit, il est très divertissant, c’est du Luc Besson comme on en a l’habitude de voir, dans ses films et dans ses productions genre Taken et la saga du Transporteur. Et c’est là qu’arrive la troisième partie du film, qui il paraît est très inspirée de 2001 : L’Odyssée de l’Espace. Lucy y acquiert les fameux 100% des capacités de son cerveau et le réalisateur nous entraîne dans une succession de scène épileptiques où le personnage voyage dans le temps, comprend l’origine de l’univers, de l’existence, rencontre des dinosaures, d’où le fait d’évoquer Terrence Malik puisque des dinosaures apparaissent dans son film The Tree of Life, et Lucy a droit à une rencontre avec la Lucy australopithèque pour une scène directement inspiré de la Création d’Adam de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine. On nous entraine dans l’espace, des images de la destruction de la Terre, de sa naissance,… bref Luc Besson montre son caractère philosophique et métaphysique ambitieux de son film quand le personnage disparaît après son « voyage » et se retrouve dans le continuum Espace-temps. Le film est plus intelligent qu’il n’y paraît si on enlève ses scènes de fusillades et d’action, c’est une sorte de fable philosophique où un être humain commence à posséder des pouvoirs divins et à avoir le savoir infini que les être humains normaux à 10% des capacités de leur cerveau, n’ont pas. Dans le fond, le scénario est assez basique et c’est ce que l’on pourrait reprocher à Luc Besson car son film ne dure qu’1h23 sans le générique. C’est très court et on aimerait que cela dure un peu plus pour avoir plus de détails sur l’aspect « acquérir 100% des capacités de son cerveau » ou alors Besson aurait du aller plus lentement dans l’acquisition des pouvoirs de Lucy et offrir plus d’explications. Mais là où le film excelle et où il m’a bluffé, c’est d’abord dans sa réalisation avec notamment ce montage parallèle qui peuple le film d’images documentaires qui s’interposent pendant le discours du personnage de Morgan Freeman et également au début quand Lucy s’apprête à se faire enlever par les narcotrafiquants. Cela donne au film un style visuel propre et ajoutons également les moments où l’écran affiche le pourcentage qu’atteint le cerveau de Lucy, ce qui permet l’avancée du film d’une certaine manière. Au début on est à 1%, à l’aube de l’humanité avec l’australopithèque Lucy, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on arrive aux 100%. Ensuite il faut dire qu’au niveau du son le film envois du très lourd car les moments où Lucy effectue son voyage sur l’origine de tout, le son est très important et donne de l’intensité au film. Et là où on se rend le plus compte de la puissance sonore de Lucy c’est dans la musique démentielle qu’a composé Eric Serra, fidèle à Luc Besson depuis son premier court-métrage L’Avant Dernier qui date de 1981. C’est sans doute mon coup de cœur du film, la bande-originale de Serra est un petit bijoux de morceaux électroniques et symphoniques comme le décrit le compositeur. Rien que la musique qui ouvre le film avec les noms des acteurs vaut le détour. Et ne parlons pas de l’utilisation du Requiem de Mozart, magnifique. Et si le film marche autant dans les salles, c’est peut-être grâce à la présence de Scarlett Johansson qui interprète Lucy. Nouvelle héroïne bessoniènne, l’actrice américaine s’encre parfaitement dans le genre des personnages féminin à la sauce du réalisateur. Il faut remarquer que le cinéaste aime filmer des femmes au départ faibles et qui se révèlent ensuite plus fortes comme Nikita, Mathilda dans Léon, Leeloo dans Le Cinquième Elément, Jeanne d’Arc dans le film éponyme, Adèle Blanc-Sec ou Aung San Suu Kyi. Dans Lucy, Scarlett Johansson est excellente dans le rôle de cette étudiante qui finit par devenir très intelligente et à se doter de pouvoirs surnaturels, elle devient froide et mécanique, comme un robot, et l’actrice intègre ainsi le palmarès des personnages féminin de Luc Besson : badass, séduisante et attachante. Lucy de Luc Besson fut donc une excellente surprise, une petite claque inattendue venant d’un film de science-fiction aux accents de 2001 : L’Odyssée de l’Espace avec une mise en scène stylisée, une bande-originale juste géniale, des acteurs très bon même si le personnage de l’excellent Min-sik Choi aurait pu être plus développé, les scènes d’action sont efficaces et bien réalisées, et le scénario est très bon même s’il aurait pu être beaucoup plus long et détaillé. Bref, Lucy fut une expérience de cinéma aussi inattendue que jouissive.