Soit une riche famille danoise, où l'on va fêter le père, Helge, pour ses 60 ans. La scène est dans un manoir, transformé en hôtel par lui il y a plus de 25 ans, et privatisé pour cette occasion hautement conviviale, entre proches et amis. Outre le héros du jour sont réunis sa ravissante épouse allemande, ses enfants, tous proches des 30 ans (2 garçons, dont le plus jeune avec épouse et rejetons, 1 fille – la jumelle de l'aîné ayant tragiquement disparu peu de temps avant), ses vieux parents, et toute une parentèle empressée – plus des relations d'affaires et amis divers – que du « beau linge ». « Festen » (1998) est un film-culte du « Dogme », par (le, alors, à peine trentenaire) Thomas Vinterberg. La forme, image de marque du type d'exercice cinématographique « dogmatique », à base de prise de vues chaloupées, avec caméra à l'épaule obligée et cadres approximatifs, couleurs moches, est fort peu séduisante (en tout cas pour moi !), mais le fond « décoiffe », pour une dramaturgie millimétrée. Et l'ensemble finit par fasciner. On regrettera cependant que la barque, déjà très chargée sur le plan des horreurs diverses et drames familiaux pour microcosme ultra frelaté (registre romanesque), le soit un peu plus, par idéologie bien-pensante (les hôtes, grands bourgeois et plutôt âgés, certains Teutons, sont bien sûr « racistes » - la tête de Turc désignée étant le nouvel amant noir de la fille survivante, Helene, férue d'anthropologie appliquée).... Secret(s) révélé(s) – Christian, le fils aîné à la manoeuvre, douleurs sans nom, et aussi déni, lâcheté, priorité donnée aux conventions sociales... Le rythme s'accélère vite, se « frénétise », et un « climax » (attendu) peut en précéder un autre (qui l'est beaucoup moins....eu égard à la psychologie des protagonistes, jusque-là dévoilée). On ne sort pas indemne de cette redoutable séance de linge (très) sale lavé en famille, pour « Damnés » nordiques !