Difficile de ne pas entrevoir le nom de Quentin Tarantino dès les prémices du générique. Oui, le célèbre réalisateur, se plaisant à produire des cinéastes en herbe, plein d’idées pas toujours éloquentes, se retrouve une fois de plus à plébiscité une œuvre pour le moins inclassable signée un ex-membre du Wu-Tang Klan, RZA. L’ex rappeur semble porter un attachement tout particulier au cinéma chinois de Kung-Fu, auquel il ne se prive de mêler de variables inspirations, Western, film médiéval ou encore musique Hip-Hop. L’homme aux poings de fer, un melting Pot d’influences pour un film inclassable qui malgré les apparences, n’est pas si indigeste que ça. Bon, restant les pieds sur terre, difficile de ne pas entrevoir les faiblesses d’un cinéma euphorique mais très amateur, bâti sur les moyens de producteurs amicaux et permissifs et d’un nom dans la chanson, très à la mode il y a des années.
RZA, acteur et réalisateur, nous plonge dans les tréfonds d’une Chine médiévale qui tire allègrement sur l’univers de l’Héroic Fantasy. L’univers dépeint ici est violent, sanglant et collectivement intemporel, le forgeron étant le trait d’union entre des clans voyous d’affrontant en vue de récolter au passage l’or de l’empire en transition dans la région de Jungle Village, théâtre des opérations. C’est justement ce forgeron noir, RZA, qui bouleversera le non équilibre qui régit la prospérité de la région alors que la guerre entre les clans aux noms animaux s’intensifie. L’homme aux poings de fer inclut également dans sa trame l’américain rebelle et solitaire par excellence, ici incarné par un Russell Crowe décomplexé qui fait office de meilleur personnage du film, malgré le floue artistique qui l’entoure. Oui, RZA est le forgeron black d’une communauté asiatique, là où se balade une montagne de muscle virant à la carapace de cuivre, ethnie caucasienne, un cowboy passé aux allures de bourreau qui marque son territoire dans les ébats sexuels et le chic à la britannique. Un drôle de mélange.
C’est d’ailleurs peut être ce mélange qui permet au film de RZA de s’épanouir, de prendre de l’ampleur. C’est dans la démesure, dans le n’importe quoi que puise sa force un film mitigé aux allures de clip vidéo illustrant de sanglants conflits entre bandes sauvages de la chine antiques. Il y a les lions, au look complètement poisseux, les loups, encore plus ridicules. Il y aussi les prostituées de la maison rose et leur maîtresse, Lucy Lui en mode maquerelle de guerre, bref tout un tas de monde dans un univers Kitch mais franchement sympathique, façon village chinois Tortue Ninja 3. Esthétiquement, le décor étant amusant, reste que lors de nombreuses batailles, Kung-Fu oblige, la caméra de RZA semble manqué de vitamines, préférant les ralentis foireux et les hommes volants à l’intensité dont ferait preuve un réel cinéaste d’action. L’effet artistique est soutenu, sans trembler, tout du long du film, mais tombe à plat, à quelques exceptions près.
Construit à partir d’un imaginaire singulièrement étrange, RZA profite de l’aubaine Tarantino pour faire son film de Kung-Fu sous la quasi estampille Grindhouse. Oui, si rien n’est dit à ce propos, difficile de ne pas décréter cousin ce film là et le travail récent de justement Tarantino, Roth ou encore l’indétrônable Rodriguez. Bref, un film de série Z qui aura bénéfice d’une sortie en salle de par le monde, c’est déjà un exploit pour RZA et son univers personnel très particulier. A noter finalement que la BO est tout bonnement excellente, façon Hip Hop, en plein décalage artistique avec le film. Je souligne aussi que s’il était étrange de voir Russell Crowe signé au présent casting, il en ressort que la vedette hollywoodienne est tout simplement le meilleur sur le plateau, du moins le personnage le plus intriguant et le plus divertissant. Drôle de film. 10/20