Bon, l’homme aux poings de fer ce n’est pas une sommité, mais enfin ca reste un divertissement plaisant, qui, après un début un peu laborieux, s’avère finalement correct.
Il bénéficie d’abord d’un casting assez étonnant. RZA, réalisateur par ailleurs, est solide dans le rôle principal. Il joue surtout avec beaucoup de sobriété, ne tombant pas dans le risque, majeur pourtant avec ce genre de film, du surjeu caricatural. Il y a même des moments franchement réussis dans sa prestation. Autour de lui quelques acteurs renommés, à l’instar de Russell Crowe. Il prend plus de risque en allant de temps en temps dans l’excès, mais au final son expérience lui permet de tout doser correctement, et après une première impression qui m’avait laissé dubitatif (en plus il n’est plus aussi athlétique qu’avant) il s’en tire bien. Lucy Liu apporte une agréable touche, en endossant le premier rôle féminin et Dave Bautista est un antagoniste efficace. Je ne parle pas de son jeu bien sur, mais il a un physique impressionnant qui colle bien au rôle, et qu’il exploite surtout très bien à l’écran, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de ses comparses ! Quelques autres bons seconds rôles complètent le panier.
Le scénario est laborieux sur le début. Pendant presque une demi heure le film a du mal à se lancer, avec un découpage très haché, un enchainement de scènes décousues, une présentation d’une multitude de personnages… bref il donne alors le sentiment de vouloir trop en faire et de le faire de manière brouillonne. Ensuite ca va mieux. Le scénario est plus linéaire, avec une réelle narration, et une intrigue sous-jacente, qui, sans être démente, se suit avec un certain plaisir, comme une sorte de conte sombre pour adulte. C’est très rythmé, c’est inventif et plein d’idées sympathiques, et au final, alors que je partais franchement négatif avec le début peu convaincant, j’ai trouvé que le film montait réellement en qualité.
Techniquement le résultat est abouti. Le réalisateur qui en est à sa première réalisation livre un métrage enlevé, avec une caméra fluide, qui se débrouille très bien dans les combats, et offre réellement de jolies choses. Il y a des passages travaillés et réfléchis (la séquence avec la caméra qui survole les différentes chambres), et on profite pleinement du spectacle. Les références au cinéma asiatique, évidentes, sont bien amenées. La photographie et les décors sont eux aussi fort réussis. J’ai d’ailleurs été assez surpris pour un DTV à budget assez modeste tout de même (15 millions), car l’image est raffinée, avec de jolies couleurs et éclairages, et les décors sont d’une réelle richesse. C’est très agréable. En revanche quelques effets spéciaux numériques sont discutables, heureusement utilisé avec parcimonie. L’homme aux poings de fer est un film réellement violent que je déconseille à un public jeune et sensible, pour plusieurs scènes de torture, des mutilations en tout genre, et des combats sanglants. Même s’il y a un coté surréaliste, cela pourra choquer. La bande son est correcte, mais un petit peu en dessous de ce que j’attendais.
Au bout du compte l’Homme aux poings de fer est agréable. Si la première partie est vraiment pénible à suivre, s’il y a beaucoup de personnages qui s’écrasent un peu les uns les autres, s’il y a une ou deux lacunes de ci de là, pour autant c’est un film original et qui au milieu des DTV d’action souvent stéréotypé, trouve une voie sympathique. Il s’adresse néanmoins à un public bien particulier, et il est certain qu’il faut aimer le genre pour adhérer. Ceux qui viennent là parce que c’est marqué Tarantino ne devraient pas être déçus.