Soit une septaine de circonstance réunie dans le pittoresque et délabré "Best Exotic Marigold Hotel" de Jaipur, une résidence au nom de fleur pour les «seniors », ceux que les Indiens appellent joliment « oncle » et « tante », sans leur être aucunement apparentés, simplement par respect et gentillesse (un couple et cinq "single" - dont une veuve récente) : tous ayant dépassé la soixantaine (certains plus que d'autres) et partis pour l'Inde sur la foi d'une annonce alléchante sur le net, pensant passer une retraite économique dans cet ancien fleuron de l'Empire. Moins de trois mois plus tard, la vie de chacun aura changé notablement - l'une trouve un travail (après toute une vie rangée de femme au foyer), un autre se trouve une compagne, le couple se sépare, la plus âgée se souvient opportunément de ses talents de gouvernante et va aider le jeune et brouillon propriétaire de l'hôtel. Il y a même une disparition (un juge cardiaque qui voulait mourir dans le pays de ses amours de jeunesse). Cet "Indian Palace" (titre "adapté" pour la sortie française) n'est pas un chef-d'oeuvre, ni sur le plan scénaristique, ni en termes de réalisation, ni même un film de premier plan, mais un honnête divertissement, enrichi à cet humour pince-sans-rire tellement anglais (que j’adore personnellement). Parce que la scène (sauf les sept séquences d’exposition, une par pensionnaire) est en Inde, de beaux esprits crient par principe au néo-colonialisme (??), quand d‘autres (ou les mêmes) se gaussent de l’ambiance « carte postale » - j’ai vu pour ma part un aperçu sans méchanceté, et sans complaisance, de la société du sous-continent (celle où se côtoient les traditions, préjugés de castes compris, et l’Inde « moderne », celle des « call-centers » dépaysés et du recul des mariages arrangés), et pas plus de « folklore » que nécessaire. Mais surtout (et là, c’est quand même plutôt souligné partout), cette virée revigorante dans le Rajasthan vaut d’abord pour la qualité exceptionnelle de son casting : Maggie Smith, Judi Dench, Bill Nighy, Tom Wilkinson & co – tous acteurs magnifiquement « british », en face d’une distribution locale, jouant sa partie avec une grâce un peu naïve et un enthousiasme très « bollywoodiens » (Dev Patel et consorts).