Un film optimiste par les temps qui courent? Vous y croyez, vous? Oui, on sait bien que de temps en temps il y en a qui se pointent, non pas de ces prétendues comédies sympathiques qu'on oublie sitôt après être sorti du cinéma, mais de ces films pleins de verve et d'entrain qui permettent d'affronter quelques dures réalités. La vieillesse, par exemple. Imaginez une bande de seniors anglais - et même tout ce qu'il y a de plus anglais - débarquant dans un hôtel qui fut jadis la gloire de Jaipur, mais qui aujourd'hui accuse la fatigue et les années. Déjà une métaphore que l'on aura peu de mal à décrypter. Imaginez-les, ces vieux... pardon, ces seniors, les uns désabusés, les autres tout pleins de désirs secrets, avides de mordre encore à la pomme de l'existence. Eh bien, voilà ce qui se passe dans le dernier film de John Madden, l'inoubliable metteur en scène de "Shakespeare in love". Oh! les esprits chagrins auront vite fait d'ironiser: cela ressemble à une manipulation des émotions, nous sommes bien au-dessus de tout cela, on ne nous fera pas le coup des petits vieux qui retrouvent goût à la vie et sont amenés par on ne sait quelle magie à changer d'existence... Il est vrai que parfois le pathos est plus qu'évident et la corde sensible vibre outrancièrement. Mais regardons-les, ces acteurs, choisis parmi les meilleurs de l'ancienne génération britannique, regardons cette Judi Dench toujours aussi juste et fine, regardons cette Maggie Smith qui s'amuse avec le personnage qu'elle incarne, admirons la sobriété de Bill Nighy, la présence de Tom Wilkinson. Ils représentent vraiment le fleuron du jeu anglais. Et n'oublions surtout pas la manière vive et stylée de filmer de John Madden, les rythmes des plans, le jeu des couleurs (l'Inde ne peut que ravir de ce point de vue). Bref un film qui accuse sans doute des faiblesses dans le scénario, mais qui se voit avec délectation. Alors à tous les sexa et septuagénaires, mais aussi à ceux qui pensent vieillir un jour ou l'autre, un conseil: ruez-vous sur ce film porteur d'optimisme!