Souvenez-vous, enfants de ces années bénies où les films d’action ultra bourrins et décérébrés florissaient à succès sur les grands écrans et les VHS copiées à l’arrache que l’on usaient jusqu’à la corde avant de les rendre au magasin de location construit dans une cabane, improbable abri anticyclone qui a volé en éclat plus d’une fois pendant ces fameux coups de vent. Oui j’ai grandi dans un pays à cyclones. Souvenez-vous des Schwarzy et des Stally et des Steven Seagaly (un peu plus tard), des Commando, Rambo et Nico (plus tard aussi) qui fleuraient autant la finesse d’un ver de Shakespeare déclamé par un névropathe bordelais bègue monolingue bourré à la Stella Artois coupée à l’entre-deux mers.Souvenez-vous et accrochez-vous à ces souvenirs pendant que vous visionnerez Sabotage car, chers amis, jamais un film n’a jamais aussi bien porté son nom. Vaste fourre-tout lamentable joué par de musculeux imbéciles incapables d’articuler correctement deux mots intelligibles à la suite, formidable mashup crétinoïde de clichés éculés et de dialogues parfaitement abrutis, extraordinaires scénario et dialogues évacués à la va-vite sur un morceau de papier toilette pendant que l’on pose avec des cris de douleur, le visage rougi et des veines saillantes, un étron plus digeste encore que la bouse infecte que l’on est en train d’écrire, Sabotage est ce qui a été fait de pire, de moins regardable, de plus génialement bancale depuis ces années dans le cinéma d’action à gros veaux armés et shootés aux hormones.L’impression d’ennui mortel qui se dégage de Sabotage n’est rien en comparaison de l’incroyable vide total de ce qu’il raconte. Cette vague et très banale histoire de vendetta lorgne bien plus du côté des léthargiques séries B pondues par les kopins Seagal et Van Damme dans les pays de l’Est que des très bons actionners hollywoodiens des années 80.Si au moins le choux de Bruxelles et le double menton bouddhiste les plus connus de la planète cinéma ont le mérite de nous faire marrer tant ils se prennent au sérieux dans leurs échappées poilicières (poilicières, parce qu’elle font poiler et que le réal a un poil dans la main… humour), Arny et ses amis nous affligent au plus haut point, on remplacerait leurs conversations par des meuglements et leur terrain de jeu par un pâturage où un fermier vrillé allumerait tout intrus à coup d’arme lourde que ça ne ferait pas beaucoup de différence. On a pitié pour la montagne du film d’action qu’est Schwarzenegger d’être descendu aussi bas tout schuss on en à moins pour le scénariste et le réalisateur opportunistes responsables d’un tel massacre.Pas d’humour à froid, pas de grande claque dans la gueule, pas de second degré, même pas d’action à proprement parler ni de véritable rebondissement tant tout est téléphoné, Sabotage est une oasis de médiocrité dans un océan de souillure cinématographique. La parfaite représentation du foutage de gueule total auquel on a droit depuis des années par des responsables, partisans, fers de lance du moindre effort qui ne cherchent même plus à surprendre, à se surprendre ni même se faire plaisir alors qu’on leur offre un emblème, un monument sur un plateau. Et ça c’est certainement le plus grave.